vendredi 25 décembre 2009

The english patient

Pendant la seconde guerre mondiale, en plein désert, un avion contenant un homme et une femme s'écrase dans le sable. L'homme, grièvement blessé ainsi que brûlé, est emmené par des nomades et remis entre les mains d'une équipe d'infirmiers. Se prétendant amnésique, personne ne détient d'informations sur l'identité de cet homme brûlé qu'on désigne par "le patient anglais".
Quelques temps plus tard, une infirmière canadienne, Hana, demande à son supérieur l'autorisation de rester avec le patient anglais en Italie, les déplacements étant trop éprouvants pour cet homme dont les jours sont comptés. C'est dans un monastère que le patient anglais vit ses derniers jours, se remémorant par flashbacks ce que fut sa vie avant la guerre, lorsqu'il était le comte Almasy, un géographe hongrois travaillant avec des anglais, faisant des cartes du Sahara et tombant amoureux de Katharine, une femme mariée, membre de l'équipe d'explorateurs.





En 1996, le monde du cinéma était en émoi devant cette histoire adaptée d'un roman au titre éponyme de Michael Ondaatje ; entre les diverses récompenses (oscars, bafta, golden globes) et les critiques plus que bonnes, Anthony Minghella, le réalisateur, se retrouvait dans les feux des projecteurs après trois précédents films.
Le casting plus que bon du film conforte aussi cette idée de grandeur, de millésime exceptionnel ; Ralph Fiennes n'avait pas encore une carrière comme aujourd'hui, mais son rôle dans "le Patient Anglais" écrivit définitivement son nom parmi les plus grands.

Le film s'ouvre sur une magnifique image du désert, de l'avion qui survole les vagues de dunes, et sombre très vite dans l'horreur de la guerre, de la mort : Almasy a le visage brûlé, est défiguré aussi bien physiquement que moralement. Sa rencontre avec Hana est d'autant plus émouvante que la jeune infirmière souriante est criblée de maux : son fiancé, ses amis meurent, elle en vient même à dire que tous ceux qu'elle aime ont tendance à mourir. Si elle insiste tellement pour rester avec le patient anglais dans le monastère, c'est pour reconstruire son esprit, tandis que le patient anglais accole, morceaux par morceaux, ce qui fut sa vie un bref instant.
Ce sont deux personnages brisés qui vont apprendre, une nouvelle fois, à aimer, à croire en quelque chose : Hana rencontre Kip, le spécialiste en désamorçage de bombes, et Almasy, lui, retrouve l'espoir et l'amour dans ses souvenirs, qui viennent le hanter au compte-goutte.

L'histoire d'Almasy est importante dans la mesure où elle est présentée d'une façon objective. Comme dit plus haut, il tombe amoureux de Katharine Clifton et a une aventure avec elle. On ne présente aucun des personnages du trio Katharine Clifton – Geoffrey Clifton – Almasy d'une façon désobligeante : il n'y a pas de jugement sur l'adultère, sur la tension. Le couple d'amants se sent coupable, vraiment mal et même s'ils se désirent avec l'ardeur d'une passion sans limite, ce n'est pas de leur faute s'ils s'aiment. Ce n'est finalement de la faute de personne si on tombe amoureux ou si on n'aime plus.
Katharine et Almasy ne se sont pas choisis : ils ont tout fait pour éviter de sombrer dans la dépendance, le comte hongrois n'hésitant parfois pas à dire des choses horribles à la jolie anglaise pour la décourager de l'aimer, et cette dernière oscillant entre les "on peut" et les "on ne peut pas".



Autre grand thème : les nations. Sans vouloir tout raconter, le film se passant pendant une grande partie pendant la guerre, les identités, les nationalités vont jouer un rôle fatal pour les protagonistes.
La partie avant-guerre raconte comment un groupe d'explorateurs, de diverses nationalités, s'unissent ensemble pour découvrir des choses, tisser ensemble des réalités concrètes. Ces réalités n'auront plus lieu de vérité après la guerre, lorsque la haine des étrangers, des autres, reprendra le dessus. On ne peut pas être ami avec son ennemi, c'est quelque chose décrété par des personnes au-dessus des expériences individuelles, enfermées dans un moule absolutiste dément, démunies d'un quelconque sens pratique, ou d'une infime volonté d'amitié.

"Le Patient Anglais" est bien sûr un film triste, dur pour les personnages qui ne sont pas épargnés, en toutes circonstances. La profondeur de l'interprétation de Juliette Binoche (Hana) lui a valu de nombreuses récompenses, entre-autres l'oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, pour ce personnage "passerelle" entre deux mondes : celui qui était et celui qui est aujourd'hui.
Ralph Fiennes (Almasy) est poignant en solitaire écorché par l'amour interdit qu'il porte à une femme pour qui il pourrait tout faire, même se tuer.
Kristin Scott-Thomas (Katharine) est radieuse, à mi-chemin entre espièglerie et inquiétude.
Pour les seconds rôles, c'est avec beaucoup d'émotions qu'on les voit passer, certains amenant des vérités cruelles (Willem Dafoe), d'autres donnent envie au spectateur de les plaindre (Colin Firth).

Une histoire d'amour dans le désert, à une époque où tout est fait pour commencer à ségréguer les gens selon leurs origines, une histoire d'amitié en Italie, lorsque les fantômes du passé empêchent l'individu d'avancer.


samedi 19 décembre 2009

The Departed de Martin Scorsese



Quand on s'appelle Martin Scorsese et que derrière soi on traine une carrière dont la grandeur est connue au-delà des frontières de New York (ville tant aimée par le réalisateur), la probabilité de se planter en faisant un nouveau film est très proche de zéro ; l'expérience et le talent se mêlent pour donner quelque chose qui laisse sans voix.
En 2006, The Departed (Les Infiltrés comme titre français), un film traitant de deux infiltrés, un dans l'Unité Spéciale de la police de Boston (qui est donc de connivence avec la mafia), et l'autre (celui qui est un flic qui sert la police et pas la mafia), dans le gang de Costello (le chef de la mafia irlandaise de Boston). Les deux rôles principaux sont campés avec brio par Matt Damon (Sergent Colin Sullivan, l'infiltré dans la police), et Leonardo Di Caprio (William "Billy" Costigan), l'infiltré dans la mafia.
Parmi les seconds rôles, de très grands noms : Jack Nicholson, Mark Wahlberg, Martin Sheen, Ray Winstone, Alec Baldwin.

Colin Sullivan (Damon) grandit dans le quartier du sud de Boston, et dès son plus jeune âge, est pris sous l'aile du grand mafioso Costello (Nicholson). Trouvant vite sa "vocation", le jeune Sullivan fait l'académie de police, en sort avec des résultats extrêmement bons, ce qui lui vaut de se faire engager, dès sa sortie, dans l'Unité Spéciale dirigée par Ellerby (Baldwin) qui lutte contre le crime organisé, et donc, inévitablement, contre Costello.
De son côté, William Costigan (Di Caprio) est né avec le pedigree "famille dans le crime organisé", et cherchant à affirmer son identité en s'écartant de ses gênes, va, lui, aussi à l'académie de police. Juste avant la remise de son diplôme, Dignam (Wahlberg) et son supérieur, Queenan (Sheen), chargés du service des infiltrés de l'Unité Spéciale, le recrutent pour s'infiltrer dans le gang de Costello, pensant que les origines de Costigan et sa nature bizarre vont l'aider à paraitre crédible dans le rôle de la petite frappe.



D'abord, The Departed est un film rythmé, cadencé, dont le tempo parfait permet à la fois de ne pas s'ennuyer, et à la fois de comprendre ce qui se passe avec un peu de profondeur. La musique "I'm shipping up to Boston" des Dropkick Murphys y est sûrement pour quelque chose (le groupe est d'ailleurs originaire du sud de Boston), ainsi que la réalisation menée en main de maître par Scorsese, qui sait comment doser le suspens, l'énergie, le calme, la nervosité.

Les premières minutes du film installent les deux premiers rôles, et montrent les différences claires entre les deux principaux protagonistes, qui, jusqu'à la fin du film, seront toujours comme les deux faces d'une pièce.
Le personnage de Sullivan est clairement opposé à celui de Costigan. D'un côté, celui qui parait bien, gentil, propre, mais qui en réalité est un "rat" qui manipule ses équipiers pour aider celui qu'il appelle "papa" au téléphone, tandis que de l'autre côté, nous avons un jeune homme très nerveux, qui semble en conflit avec lui-même, qui veut sans doute racheter le tas de conneries de sa famille.
La scène qui témoigne le plus de cette antithèse est lorsqu'on voit Sullivan se promener dans un appartement onéreux qu'il décide de louer, comme ça, parce qu'il a un bon salaire, alors que Costigan, lui, aucune indication n'est vraiment donnée sur son domicile bien qu'on suppose qu'il vit dans la maison de sa défunte mère.
Le contraste est d'autant plus déroutant, que tout les deux vont tomber amoureux de la même femme, une psychiatre. Leurs attitudes vis-à-vis de cette jeune femme seront indicatrices de leur vraie nature, qui est finalement moins "tout noir, tout blanc" qu'on pourrait laisser croire facilement.
Ce qui est assez drôle, c'est que Costigan devrait être Sullivan, et inversement ; comme dirait Bourdieu, on ne peut rien faire contre le déterminisme ; ainsi donc, Costigan aurait dû être l'élève de Costello, sa taupe gentiment installée dans l'Unité Spéciale, et Sullivan, n'ayant pas au-dessus de sa tête le "Destin" aurait pu être - pourquoi pas - un infiltré dans la mafia.

Le jeu des acteurs est décapant, impossible d'y rester indifférent, les personnages étant riches du point de vue psychologique.
Sullivan est l'archétype du type au beau sourire qui, est fidèle à son "père", Costello. Damon est très convaincant, et pas caricatural, ce qui est déconcertant. Quant à Di Caprio, il brille réellement dans ce film, son interprétation semble très intuitive, mais magistrale : sans doute un de ses meilleurs rôles.
Nicholson est plutôt amusant, jouant un mafioso pas très "gros dur, je te casse les noix en deux secondes", mais plutôt cynique et sadique. Avec un humour qui me rappelait un peu le Joker de Batman, en beaucoup plus pervers (ce qui colle très bien avec ce bon vieux Jack).
Par contre, le rôle le plus dingue est celui de Wahlberg, presque méconnaissable en Digman, qui jure tout le temps, et doute de tout juste avant de redire un "fuck".

The Departed c'est une leçon de style, un coup de poing. Il est évident que Sullivan et Costigan vont se chercher l'un l'autre, et comme ils sont tous les deux des as de la fuite, des mecs entraînés à raisonner, à jouer avec la psychologie des gens qui bossent avec eux, ça promet d'être incroyable.
Film surprenant, au scénario bien ficelé (Il s'agit d'un "remake" d'Internal Affairs, un film venant de là où le soleil se lève, mais d'après Scorsese, The Departed ne s'en inspire que partiellement), avec des acteurs incroyables, des scènes qui coupent le souffle, et une fin d'un cynisme tordant.


vendredi 18 décembre 2009

Cold Mountain d'Anthony Minghella


Retour à Cold Mountain, Cold Mountain en anglais, est le cinquième film réalisé par Anthony Minghella, sorti en 2003, avec comme acteurs principaux Nicole Kidman, Jude Law, Renée Zellweger, racontant l'histoire d'un confédéré déserteur cherchant à revenir à sa bien-aimée.

Ada Monroe (Kidman), jeune femme de la bonne société, rejoint son père à Cold Mountain, petite ville de Caroline du Nord peu avant la Guerre de Sécession. Dès son arrivée, elle fait la connaissance du timide W.P Inman (Law) visiblement épris d'elle, et ne tarde d'ailleurs pas à tomber également sous le charme du jeune homme. Maintenant une relation très courtoise, leur histoire platonique est éreintée lorsqu'ils échangent enfin un baiser fougueux le jour où Inman part à la guerre, sous le drapeau des sudistes.

Les amoureux promettent de s'attendre.

Trois ans plus tard, Inman est toujours vivant, mais l'horreur de la guerre le ronge intérieurement. Le jeune homme finit par se faire blesser à la gorge, et est éloigné du champ de bataille. Un jour, une jeune femme lui lit une lettre d'Ada, qui lui annonce qu'elle est désespérée et qu'elle attend son retour. Inman décide de devenir un déserteur, et malgré les dangers que cela implique, de retourner à Cold Mountain, loin de cette folie humaine, près de celle qui fait battre son coeur.

Cold Mountain suit deux histoires : celle d'Inman, de son odyssée , et celle d'Ada, devant se débrouiller seule dans la ferme, son père étant mort. Heureusement pour la jeune femme, Ruby Thewes (Zellweger), vient la rejoindre et l'aider.

Cold Mountain raconte donc l'histoire d'amour à distance entre deux protagonistes, qui évoluent dans des milieux hostiles : les milices des villes où Inman passe, les rencontres malheureuses, la milice de Cold Mountain et leur folie meurtrière, l'hiver rude.

Tout au long du film, on se demande réellement si les personnages vont survivre aux désastres qui tombent sur eux, écrasant parfois tout espoir.

Parmi les rencontres marquantes d'Inman, il y a Veasey (joué par Philip Seymour Hoffman) le révérend obsédé par le sexe, et Sara (Nathalie Portman), la femme seule avec un jeune nourrisson malade qui prouve qu'elle a beau avoir un visage angélique d'une fragilité conséquente, elle sait se défendre. Toutes ces bribes de vies, ces personnages souffrant également de la guerre, dans des situations spéciales, rajoutent une dimension au film, lui donnant une humanité sans précédent.

Pourtant, la milice de Cold Mountain, par ses actes crapuleux, fait penser à tout sauf au terme « humanité ». Ils restent néanmoins des humains, avides de pouvoir, pensant avoir tous les droits (ce genre de personnage existe depuis toujours dans la vie de tous les jours).

Anthony Minghella aimait raconter de belles histoires d'amour, il l'avait prouvé avec Cold Moutain, et six ans plus tôt avec le magnifique « Le Patient Anglais ». Ses histoires racontaient comment des individus « normaux » se retrouvaient dans des situations « extraordinaires » et devaient s'extraire de problèmes relativement « mortels » (au sens propre).

C'est avec beaucoup de talent, une certaine poésie, que Minghella réalisa Cold Mountain, d'une façon certainement sobre, mais efficace. Félicitations à l'équipe technique (photographie, costumes, musique, décors), qui a rendu un travail digne d'un grand film.

Cold Moutain est un film long (mais pas lent), qui prend à la gorge, propulse le spectateur dans un état tantôt proche de l'effroi (les différents protagonistes nagent parfois dans la tragédie), tantôt semblable à un éclat de rire, la touche humour étant assurée par Zellweger.




mardi 15 décembre 2009

Kuzco l'empereur mégalo


Quand on parle de Disney, l'image populaire veut qu'on pense aux anciens (Blanche-Neige, Cendrillon, Le Roi Lion), aux nouveaux (dont l'excellent UP des studios Pixar), et pas aux éternels oubliés comme Taram et le Chaudron Magique, ou même encore Kuzco l'Empereur Mégalo aka The Emperor's New Groove in english please.

Kuzco est sorti en 2000 et est un des plus gros flops de Disney, et ce, malgré des bons échos (Rotten Tomatoes l'évalue même à 85%), des critiques plutôt bonnes.

C'est donc, tout naturellement si je puis dire, que j'ai décidé d'en parler ici, pour tenter de convaincre ceux qui n'ont pas eu la chance de voir ce petit dessin-animé à mourir de rire.

Kuzco est un empereur mégalo, c'est dans le titre français. Il est ce genre de personne que le commun des mortel fuit, à cause de la puanteur de son égo. Si Kuzco était une maxime, il serait sans doute « Moi, d'abord, et après, la tempête ». Autrement dit, l'empereur est le pire des enfoirés, qui ne pense à personne d'autre qu'à lui-même, peu lui importe le malheur des autres, ce qui compte, c'est lui, et lui seul.

(Vous avez compris je crois)


Sa vie change le jour où Pacha, le gentil chef d'un village de son royaume, vient le voir, sur la requête de l'empereur himself. Très vite, Kuzco est clair : il veut savoir quel est le meilleur emplacement pour placer sa future piscine, car, le village de Pacha va devenir ... Kuzcotopia, le paradis de Kuzco, une superbe résidence secondaire.

Pacha s'en retourne, les mains dans les poches, jusque chez lui, ne sachant que dire à sa famille et ses voisins qui vont devoir abandonner leurs maisons.

Le même jour (il s'en passe des choses), Kuzco décide de renvoyer Yzma, sa conseillère (qui adorerait être calife à la place du calife), et cette dernière le prend tellement mal qu'elle juge bon de se venger, aidée de son fidèle Kronk, en tuant l'empereur!

Le plan est très simple : Kuzco est invité à dîner en compagnie d'Yzma et de Kronk, un poison étant dissimulé dans son verre...

Mais grâce à Kronk, le poison se révèle être en réalité de l'extrait de lama, ce qui produit un tout autre effet : Kuzco est changé en lama, et sur l'ordre d'Yzma, Kronk doit l'emmener loin de la ville et le noyer. En définitive, Kronk ne le noie pas, et Kuzco se retrouve avec Pacha pour de superbes aventures dans la jungle.

Bon, ce résumé un peu easy ne témoigne pas d'un véritable humour, je l'accorde. Pourtant, Kuzco, c'est un film qui se regarde du début à la fin en riant, entre les frasques égocentriquement narcissiques de l'empereur, le côté « gentil mec prêt à tout pour sauver son village » de Pacha, la crapulerie (ce n'est pas un néologisme, bien vu) d'Yzma, et la personnalité attachante de Kronk qui est « l'homme aux muscles sans cervelle mais sympathique dans le fond ».

C'est un Disney, il y a une petite morale derrière, dans le style « arrête de te prendre pour le meilleur, tu ne vaux pas plus qu'un autre, reste zen, fume un joint ». Non, pas le joint. Bref, on s'en doute d'emblée, Kuzco va inévitablement changer au contact de Pacha, le bien triomphe du mal, et Yzma va se manger la gueule d'une façon cocasse. C'est sûr. Mais bon, même si on connait la fin d'avance, le voyage tient la route (ici, on rigole).








mardi 24 novembre 2009

Mesrine : L'ennemi public numéro un de Jean-François Richet

2 novembre 1979, porte de Clignancourt à Paris, une BMW est arrêtée à un feu rouge, derrière un camion dont la cargaison est bâchée. Soudain, la bâche se soulève, et des policiers armés tirent en direction du conducteur de la BMW dont le corps est rapidement criblé de balles. Tout se passe très vite après : les journalistes arrivent, on filme, on prend des tas de photos de Jacques Mesrine, mort, toujours au volant de sa voiture bien qu'affalé, tandis que sa compagne, Sylvia est emmenée à l'hôpital, grièvement blessée.
On le crie, on le hurle : l'ennemi public numéro un est mort, il n'y a plus de raisons de le craindre, c'est fini.




L'Ennemi Public Numéro Un, est le deuxième film de Jean-François Richet sur la vie très riche en méfaits de Jacques Mesrine, relatant la période du retour en France du malfrat, en 1972, jusqu'à l'inévitable apothéose de novembre 1979.

Résumé rapide de l'Instinct de Mort : Mesrine, revenu de la guerre d'Algérie, peine à trouver un boulot avant d'être abordé par un ami qui lui propose de faire ses premières marques dans la criminalité en commettant de petits vols.
De 1962 à 1963, il passe du temps en prison et décide, à sa sortie, de se ranger. Néanmoins, les choses ne se passeront pas si facilement pour lui financièrement et, il retournera à des occupations plus lucratives et punissables par la loi.
En 1968, avec sa dulcinée, Jeanne, il part pour le Québec où ils tentent quelques mois une vie sans histoires, avant de tomber dans la case "kidnapping-rançon-braquage". Ils seront arrêtés, se feront la malle, retourneront en prison, et Mesrine réussira encore une fois à s'échapper, avec son ami Jean-Paul Mercier.

Dans l'Instinct de Mort, même s'il nage dans les délits, Mesrine aspire, à deux moments, à retourner à une vie normale, une vie avec ses enfants (début des années soixante), et un quotidien tranquille de type "boulot-sexe-dodo" avec sa compagne sur le continent Américain. Par deux fois, il échoue, la faute à pas de chance, la faute au Destin peut-être. Il est toujours plus facile pour lui de retomber dans sa routine de brigand.

Avec l'Ennemi Public Numéro Un, nous n'avons plus le même personnage : Mesrine est fier de s'évader autant de fois qu'il le veut, arrogant dans sa manière de s'exprimer quand il s'agit de son soi-disant honneur de bandit (il ira même, peu avant sa mort, jusqu'au meurtre crapuleux d'un journaliste, qui, selon Mesrine, n'avait pas respecté sa personne en le traitant de personnage sans honneur). Mesrine ne peut plus considérer son existence sans la touche de criminalité ; il a besoin d'argent, de vivre dans le luxe, de sentir qu'il est encore apte à faire chier le système (lors d'un procès, il n'hésite pas à se foutre de la gueule de tout le monde en sortant une clef de sa poche, qui, ouvre ses propres menottes et qu'il a achetée à un flic pour une belle somme), de pouvoir se faire arrêter comme il l'entend (quand il offre le champagne à Broussard, qui vient l'arrêter dans son appartement en 73, après l'avoir fait patienter une bonne vingtaine de minutes histoire que "ça se passe sans violence"). Bref, Mesrine, dans ce volet ci, est définitivement irrécupérable, comme dirait l'adage, car plus rien ne peut l'arrêter, plus personne, il ira jusqu'au bout de son délire, même si c'est dans la mort.

Cassel épouse son meilleur rôle peut-être, en devenant le gangster le plus terrifiant des années soixante et septante, protagoniste complexe, dur à cuire, doté d'un certain culot, et d'un caractère plus que trempé ; "l'homme aux mille visages" ne pouvait trouver de meilleur acteur pour le jouer.
De très bons seconds rôles : Mathieu Almaric en François Besse est minutieux, Gérard Lanvin en Charlie Bauer vaut le détour, notre Olivier Gourmet national écope d'un rôle amené à être sympathique, bon et juste, Broussard.


Détail important : L'Instinct de Mort s'ouvrait sur ce fameux départ de la rue Belliard, du point de vue de Jacques Mesrine et Sylvia, déguisés, essayant d' être discrets, ayant peur d'être repérés, alors, qu'en réalité, ils sont déjà cuits. L'Ennemi Public Numéro Un finit sur le même départ, mais vu par les policiers cachés, guettant l'arrivée du malfrat et de sa compagne, terrifiés à l'idée que Mesrine découvre leur présence et foute en l'air la vaste opération menée ce jour là pour "arrêter" ce dernier à la porte de Clignancourt.

Jean-François Richet n'invente rien avec sa réalisation, mais se débrouille plus que bien, sans tapages, sachant doser les plans induisant du "suspens", rendant la fin de Mesrine presque inoubliable tant la tension peut se mesurer physiologiquement. Mesrine est un biopic, mais ne cède pas aux exigences larmoyantes du genre, après tout, il s'agit quand même de la vie d'un être dont la seule pensée épouvantait les employés des banques, et le reste de la population également.
Au final, au-delà des bonnes prestations des acteurs, on retient du film le portrait qu'il dresse d'un homme mondialement connu, ses hauts, ses bas, son humanité malgré ses crimes, sa vie tumultueuse et parfois même drôle.


Vidéos :

1° Début de l'Instinct de Mort :



2° Bande-annonce de l' Instinct de Mort :



3° Bande-annonce de L'Ennemi Public Numéro Un :

lundi 23 novembre 2009

BIO - Charlotte Gainsbourg




Charlotte Lucy Gainsbourg est née des amours polémiques de Serge Gainsbourg et de Jane Birkin, le 21 juillet 1971, à Londres. Amours polémiques médiatiques : ses parents sont à la une des journaux, la faute aux chansons érotiques qui découlèrent de l'album sorti en 1969 "Je t'aime... moi non plus", et aux scandales que Gainsbarre adore faire naître.
En parlant des tollés que Papa aime déclencher, il y a la sortie de la chanson Lemon Incest, chantée en duo avec Charlotte, en 1984, qui évoque la pédophilie, et l'inceste entre un père et sa fille, ou même encore le film "Charlotte for ever" (1986), sûrement autobiographique, racontant la dérive d'un homme ayant connu le succès qui n'est plus en vie que pour l'amour de sa fille appelée très sobrement Charlotte.

Née dans une famille d'artistes, il n'est pas étonnant que la petite Charlotte nourrit une passion pour le cinéma et désire devenir actrice : ses parents lui permettent de tourner des films alors qu'elle est encore très jeune, dont certains laisseront une trace indélébile dans la mémoire populaire ; "L'Effrontée" de Claude Miller (1985) lui rapportera une notoriété grandissante (il parait d'ailleurs que c'est en voyant la prestation de "la fille de" dans ce film que Sylvie Testud a décidé de devenir comédienne) et une récompense plus que convoitée : le César du meilleur espoir féminin.
Si les années nonante boudent un peu le talent de cette étoile franco-anglaise, elle s'illustre notamment dans "Jane Eyre" (1996) et "Merci la vie" (1990).
Ce n'est qu'en 1999 que Charlotte Gainsbourg revient au devant la scène avec une composition remarquable, celle de Milla dans "La Bûche", qui lui fait décrocher un nouveau César, en l'occurrence ici, celui de la meilleure actrice dans un second rôle.
Choisissant ses rôles, ayant une vie de famille (elle est mariée à Yvan Attal et tous les deux ont deux enfants), ses apparitions sont rares, et précieuses, bien que depuis 2004, elle se permet de tourner deux films par an.
Parmi les mets de choix de sa filmographie, il y a "Ma femme est une actrice" (2001) ,"21 grams" (2004), "La Science des Rêves" (2006) ou même "I'm not there" (2007).

En 2009, Charlotte participe au nouveau film controversé de Lars Von Trier, "Antichrist", qui, malgré un accueil des plus mitigés, offrira à son actrice principale le prix d'interprétation féminine au festival de Cannes.



Charlotte Gainbourg, en bonne fille de ses parents, pousse aussi la chansonnette, et pas que sous la douche : sa première chanson, un duo avec son père, était "Lemon incest", en 1984 ; elle fera quelques apparitions sur l'album "Charlotte for ever". Ultérieurement, elle s'essaye un peu à tout, participant par ci, par là, pour Les Enfoirés, faisant une intro sur une chanson de Madonna, jusqu'à son duo avec Daho "If" en 2003.
En 2006, "5:55" sort, mêlant chansons dans langue de Molière, et chansons dans la langue de Shakespeare.
Le nouvel album de Charlotte, "IRM", est attendu pour la fin de l'année 2009.





(La vidéo de Lemon Incest, en duo avec Serge Gainsbourg)

dimanche 15 novembre 2009

Capote de Bennett Miller, 2005





On the night of November 14th, two men broke into a quiet farmhouse in Kansas and murdered an entire family. Why did they do that? Two worlds exist in this country: the quiet conservative life, and and the life of those two men - the underbelly, the criminally violent. Those two worlds converged that bloody night.


Le 16 novembre 1959, Truman Capote, lit un article dans le New-York Times sur le meurtre de la famille Clutter à Holcomb, dans l'état du Kansas, et décide d'écrire son nouveau livre à propos de ce drame. Il se rend sur place avec son amie d'enfance, Harper Lee et mène sa petite enquête, en interrogeant toute personne liée à cette affaire, en se rendant sur les lieux du crime et même en voyant les corps des victimes dans leurs cercueils pour une impression plus exhaustive sur le sujet.
Le 30 décembre, Perry Smith et Richard Hickock, les tueurs de la famille Clutter, sont arrêtés à Las Vegas, et ramenés dans l'état du Kansas pour être jugés ; Capote les rencontrera grâce à ses contacts, en l'occurence, ici, à cause de son amitié avec Dewey, un agent du « Kansas Bureau of Investigation ». Très vite, Capote se lie d'une certaine façon à Perry Smith, personnage particulièrement mystérieux, sensible, dont l'auteur de « In Cold Blood » dira : « It's as if Perry and I grew up in the same house. And one day he stood up and went out the back door, while I went out the front ».

Divergeant des autres biographies par son aspect « intéressons-nous à l'acmé du personnage principal » (qui ne donne pas les débuts dramatiques et la fin scandaleusement triste, épargnons ceux qui vont voir le film), Capote est le genre de film qui remue son spectateur, le déstabilise, par les questions qu'il pose, les réponses qu'il ne donne pas (qu'il esquisse plutôt).
Nous avons Truman Capote, personnage reconnu pour la qualité de ses écrits, mais dont la notoriété n'est due qu' à ses talents d'orateur, d'amuseur de la jet set, qui, tombant sur un article de quelques lignes, décide d'en faire un livre, une non-fiction dont le sujet est un meurtre de « sang froid ».
L'arrivée de ce petit homme haut en couleur dans une petite ville où tout le monde se connait n'est pas des plus aisée, surtout lorsqu'il annonce à Dewey que peu lui importe qu'on trouve le coupable, il fera quand même un article, un livre, et que Dewey lui répond tout de go « moi, ça m'importe qu'on trouve le coupable ». Néanmoins, le charisme de Capote lui ouvrira plus de portes que ce qu'il voulait, même celle du coeur de Perry Smith, déroutant par son comportement, qui, à la fin, lui avouera ce qui s'est réellement passé la nuit du quatorze novembre 1959.

Le visage de Capote est également bizarre : il passe d'un sentiment à un autre, d'abord en étant très proche des deux tueurs, puis, en s'enfuyant : son contact sera toujours ambivalent, et parfois semblant hypocrite, alors qu'il s'agit peut-être simplement d'une manière de se protéger, pour lui, qui se sent proche de Smith par leur histoire passée (suicide de leurs mères, abandon) et ayant l'impression qu'il aurait pu devenir comme son ami promis à un destin funeste au bout d'une corde.
Il est amusant de constater aussi à quel point son attitude est différente selon qu'il est avec les tueurs (sa sensibilité est dès lors à fleur de peau), ou à New-York (où il raconte énormément d'histoires drôles, plaisante avec tous ceux qui ne demandent qu'à l'écouter).
C'est comme s'il y avait deux Truman Capote : celui d'Holcomb, qui écrit sur un fait divers et ses composants humains, et l'écrivain à la coupe de champagne qui n'hésite pas à dire – avec un grand sourire- que sur les quatre tableaux de Matisse que possède Marilyn Monroe, deux étaient placés à l'envers sur son mur.



Philip Seymour Hoffman a gagné l'oscar du meilleur acteur en 2006 pour sa prestation excellente de Truman Capote ; rôle pas évident à endosser à cause de la façon dont Capote agit en permanence, se tient, parle même (La voix, la façon caractéristique dont parlait le célèbre auteur). Le risque de tomber dans la caricature était très gros, mais par les choix de réalisation et de jeu de Seyour Hoffman, l'interprétation est d'une qualité grandiose, donnant une grande profondeur au personnage.
Soulignons aussi les très bons seconds rôles, en particulier celui de Perry Smith, joué par Clifton Collins Jr, dont le regard risque de hanter encore le spectateur, tant les émotions passent et repassent avec beaucoup de grâce à travers ses yeux.

« In Cold Blood » fut un succès immédiat dès sa sortie, mais sonna le glas pour Capote : son meilleur ouvrage le propulsa dans une dépression très grave, le plongeant dans l'alcoolisme jusqu'à la fin de sa vie, dix-neuf ans plus tard.


mercredi 4 novembre 2009

La belle personne de Christophe Honoré






L'homme a toujours donné une importance aux histoires d'amour, que ce soit à travers des poèmes, des romans, des pièces de théâtre, la musique, et depuis un siècle, avec la photographie et le cinéma.L'amour est donc un sujet inépuisable, souvent plus délectable quand impossible ou entravé par de nombreux désastres, laissant des déchirures indélébiles apparaissant sur les visages des personnages principaux, victimes combattant en héros jusqu'au dernier souffle les affres sentimentaux.

Christophe Honoré, réalisateur/scénariste français présentait son film « La belle personne », histoire librement inspirée de « La princesse de Clèves », il y a un an, sur arte, et dans les salles obscures.Le sujet du film, comme on peut s'en douter étant donné la courte introduction ci-dessus, est donc, l'amour, les sentiments amoureux - interdits ou encouragés -, la fidélité, la passion (et tout ce qu'elle implique), la fin tragique aussi.

Junie, seize ans, suite au décès de sa mère, part vivre chez son cousin Matthias, et fréquente le même lycée que ce dernier, où elle rencontre Otto, un jeune homme avec qui elle entame une relation amoureuse quelques temps après son arrivée.Le professeur d'italien, Nemours, véritable arracheur de coeur, s'éprend de Junie, et se laisse consumer par une passion qu'il espère rendre réciproque...

Mettons directement les choses au clair : ce film avait pourtant de bonnes bases (au niveau de l'histoire) pour donner un résultat assez intéressant, mais, faute à un scénario des plus facile, à un jeu d'acteurs excessivement exécrable, à une réalisation se voulant différente mais étant des plus lentes, ennuyeuses à cause d'un rythme qu'on peut qualifier « d'aussi constipé que les histoires d'amours adolescentes pré-pubères », on ne peut être que déçu.

On peut reprocher à Christophe Honoré d'être incapable de défendre les bonnes idées qu'il a au début de l'écriture et qui transparaissent très superficiellement dans ses quelques films comme « Ma mère », « Les chansons d'amour », et maintenant, « La belle personne ». On peut également désapprouver son besoin presque vital de faire traîner en longueur ses films, comme si, faute d'un scénario épatant, il devait rallonger une quantité incroyable de scènes, qui, en deviennent des plus inutiles.(Malgré toutes les reproches figurant ici, j'avoue avoir quand même apprécié « Les chansons d'amour ». Mais pas au point d'en faire un film culte, ou à se repasser toutes les semaines.)


« La belle personne » perd une (trop) grande partie de sa crédibilité à cause du jeu lamentable des acteurs : même Louis Garrel est foncièrement minable (et je m'en veux d'écrire une chose pareille sur un acteur étant capable de beaucoup mieux) à marmonner ses mots, de façon incompréhensible, avec des intonations inappropriées, et souvent absurdes. Grégoire Leprince-Ringuet, s'étant illustré dans « Les chansons d'amour » hérite d'un rôle « cinquième roue du carosse » ne poussant pas le spectateur à une quelconque empathie, tandis que Léa Seydoux est plus talentueuse lorsqu'elle ne dit mot. En réalité, les acteurs sont plus potables lorsqu'ils jouent de leur corps, et non pas de mots, car, lorsque leurs bouches s'ouvrent, c'est uniquement pour mâchouiller des phrases, rendant leur discours confus : en gros, même en montant le son, on ne comprend pas grand-chose.

Ce qui est dommage, et j'insiste sur ce mot, tient dans le fait que les ingrédients de base du film étaient promis à quelque chose de bon, et qu'au final, la cuisson a raté, Honoré n'a pas vraiment bien tamisé sa farine, il restait trop de grumeaux dans la pâte, c'est triste mais c'est comme ça. L'esthétique, trop laiteuse, les tons trop saturés, la lenteur du film, les personnages superficiels et stéréotypés, tout ceci endort avec beaucoup de grâce, mais ne rend pas compte d'une histoire d'amour, sur la passion, l'attente, l'interdit, la peur de perdre l'autre, la douleur de ne pas être aimé comme on aime, et, c'est vraiment triste.


lundi 26 octobre 2009

Doubt de John Patrick Shanley



Doubt de John Patrick Shanley

Il y a une chose qu'il faut comprendre, au préalable, pour pouvoir apprécier Doubt dans toute sa dimension : à la base, le film était une pièce de théâtre écrite par John Patrick Shanley, qui a lui-même écrit le scénario pour le cinéma et l'a réalisé, donc. Cette impression de pièce de théâtre est dès lors omniprésente dans la mesure où les dialogues ont une place extrêmement importante, ainsi que le jeu des acteurs, puisqu'il n'y a pas vraiment autre chose à vendre, comme dirait un spécialiste en marketing.

Le film n'est néanmoins pas assommant, soporifique comme les quelques récalcitrants au mot « théâtre » peuvent le redouter, à cause de trop de dialogues : Shanley assure une réalisation fluide, sinueuse, ne faisant pas bâiller, et étant capable de maintenir à un grand niveau d'attention le spectateur par des petits procédés de mise en scène, de scénario, qui induisent un certain suspens.


1964, New-York, école St-Nicolas.

La terrifiante directrice de l'établissement scolaire St-Nicolas, soeur Aloysius (Meryl Streep), plutôt de « l'ancienne école » comme on dit vulgairement, suspecte le père Flynn (Philip Seymour Hoffman) d'actes pédophiles à l'encontre d'un enfant noir, Donald Miller.

Pour l'aider à prouver que ces doutes ne sont pas infondés, elle demande de l'aide à la vertueuse soeur James (Amy Adams), qui, elle, croit, après un entretien privé avec le père Flynn que celui-ci est innocent...


Un résumé pouvant sembler barbant. Oui, je dois le reconnaître, le refrain est presque usé : le coup de la bonne-soeur acariâtre pas baisée qui veut enfoncer tout le monde, le mec trop sympa – on se demande pourquoi il est devenu prêtre- , la fille trop naïve qui n'ose pas ouvrir sa gueule, le thème du curé pédophile, les écoles catholiques, ça n'a rien d'extraordinaire me direz-vous.

Faux.

D'abord, ce n'est pas aussi facile que ça en a l'air : Le spectateur est amené, par choix de l'auteur de la pièce (puisque c'était d'abord une pièce de théâtre), a préférer croire en l'innocence du père Flynn, véritable progressiste, personnage attachant par son dévouement, par sa gentillesse envers les autres, et à détester soeur Aloysius, monstre de rigidité émotionnelle, n'hésitant d'ailleurs pas à user des stratégies les plus basses, et les moins catholiques si je peux me permettre, pour trouver une once de preuve contre Flynn.

C'est ici que les romains s'empoignèrent : ce qui reste le grand plaisir de ce film, c'est qu'on ne sait pas, nous, petites personnes derrière l'écran ce qui s'est passé. Nous sommes aussi paumés qu'il est possible de l'être, voguant, comme des balles de tennis, entre les protagonistes.

Si la plus grande force de Doubt réside dans la pression que le film pose sur les épaules de celui qui s'attelle à se délecter de la prestation amère et luciférienne de Streep, sa faiblesse demeure dans son démarrage, un peu lent, mais une fois que la machine est lancée, elle ne s'arrête pas, tourne de plus en plus vite.(Et les fleurs ne vont pas qu'à Meryl Streep: Philip Seymour Hoffman est parfait, incroyable, on a envie de le croire, de lui donner le bon Dieu, de le soutenir, et parfois de lui demander s'il ment. Quant à Amy Adams, même si son rôle n'est pas d'une grande envergure, d'une grande profondeur, son incarnation douce, un peu fuyante par moment, contraste très bien avec celle des deux acteurs principaux)


Doubt est donc une quête de la vérité, mais, à travers le doute.









jeudi 22 octobre 2009

We own the night - James Gray 2007


Pour que j'écrive à propos d'un film, il faut soit que celui-ci soit le pire des navets ne méritant pas d'être vu, ou, qu'il soit un bouleversement terrible dans mon esprit, saccageant toutes mes certitudes, mes espoirs, mes attentes.

Ce film de James Gray appartient à la deuxième catégorie, bien sûr. Il y a quelque chose dans la caméra du réalisateur, dans les lignes de son scénario, dans la direction et le jeu des acteurs qui vous rend mal à l'aise, qui vous donne envie de continuer, d'arracher chaque minute du long-métrage, tel un alcoolique envers ses bouteilles remplies d'éthanol.

Tout commence dans un décor imparfait mais semblant idéal dans les yeux de Bobby (Phoenix), visiblement fou de Amada (Mendez), dans une boîte de nuit remplie de drogues. Le patron, russe, est très lié à Bobby, et leur relation ressemble à celle d'un neveu et de son oncle, ou à celle d'un fils et de son père. Dans la soirée, après s'être excusé auprès de ses amis, le jeune homme va à une petite sauterie entre flics : son frère Joseph (Wahlberg) vient d'être muté, et s'occupant de la lutte anti-drogues, il demande à Bobby de l'aider. Mais Bobby refuse.
Quelques temps plus tard, une descente dans la boîte de Bobby est menée par Joseph, dans le but d'arrêter le neveu du patron russe, un baron de la drogue, bien qu'en bout de compte les policiers repartent avec un de ses acolytes qui dès son arrivée en prison, se tranche la gorge...

James Gray ressemble à Wes Anderson par le simple fait que les deux hommes semblent attachés au thème de la vie de famille, surtout lorsque celle-ci relève d'une équation à plusieurs inconnues.
Mais la différence siège dans la manière plutôt comique de présenter les choses d'Anderson, et la façon shakespearienne de Gray de tirer les ficelles.
Ce côté dramatique ne quitte jamais le jeu des acteurs, le fil de l'histoire. On ne choisit pas sa famille, et même s'ils nous déçoivent, qu'on les méprise, il vient toujours le moment où on se tourne vers eux, car, après tout, on partage un peu plus que quelques gènes. Bobby va être transformé par un évènement touchant à sa famille, et ce à tout jamais (quand je parle de dilemmes cornéliens, de thèmes shakespeariens, il faut me croire) ; Phoenix est un virtuose, capable d'endosser le costume d'un personnage d'une complexité intéressante, tiraillé dans des décisions, des valeurs, des buts antagonistes, et, ce pour le plus grand plaisir du spectateur aimant voir de grandes histoires, de grands jeux.

On ne sort pas indemne d'un James Gray, on ne peut pas comme ça changer de sujet, passer du coq à l'âne. D'abord, parce que le sujet est un peu lourd (ici, la drogue, le sens de la famille, les relations familiales, la mort, la culpabilité), mais qu'en plus, on se trouve coincés dans un ras de marée émotionnel sans précédent, la faute à un scénario béton et une réalisation permettant de se faufiler aisément dans l'intrigue, de même en être particulièrement captivé.

James Gray a le don d'emmener hors de son siège celui qui se frotte à son cinéma : même si vous n'êtes pas spécialement attirés par les milieux russes/ukrainiens, juifs, mafieux, ou même New-York (car tous ses films parlent de ça, quand même, de peut-être pas tous les éléments mais d'au moins deux), le fond de l'histoire, la trame du héros, dans le cas de We Own The Night, le combat d'un homme pour sa famille, pour sauver ceux qu'il aime, et ce qui en découle, ne laissent guère indifférent.





mardi 20 octobre 2009

day of the dead - romero




Première image du film
; une pièce, sans porte visible, un calendrier accroché au mur où des croix témoignent de l'horreur de l'attente, une femme assise contre le mur. Elle se lève, touche le calendrier, et des mains en décomposition passent à travers le mur. Hurlement.

Sarah se réveille dans l'hélicoptère, tandis que celui-ci survole une ville que nous pouvons supposer être en Floride étant donné la végétation, et l'imagerie populaire relative à cette région des USA. L'hélicoptère se pose; la jeune femme, ainsi que Miguel, un militaire fameusement perturbé psychologiquement , sortent et tentent d'appeler dans la rue. Les seules réponses sont des râles agoniques, des feuilles de journaux volantes titrées « les morts marchent », une brise de dollars, un crocodile, et... une foule de personnages bleus, verts, leurs bras raidis devant eux, avançant d'une démarche éthylique, et répondant aux cris par des « aaaaaeeeeeeeeeuuuuuhhh ».
Nos vivants étant en nombre fortement restreint, ils se font la malle, et retournent à leur base militaire, un bunker, où soldats et scientifiques ne coexistent pas spécialement pacifiquement ; le capitaine Rhodes prend le commandement de la base étant donné le décès récent du major, et, son avis sur l'avancement des recherches de Sarah, du docteur Logan aka Frankenstein et du docteur Fisher n'est guère positif ; ça ne va pas assez vite, ça fait bien assez longtemps qu'ils sont coincés ici, après tout, ses hommes à lui meurent depuis qu'ils sont là.
La raison de l'existence de cette base souterraine est de trouver une solution pour remédier aux morts-vivants : soit les exterminer, soit trouver un antidote à ce qu'il sont ; cependant, Logan, lui, essaye de dresser un spécimen qu'il a appelé « Boubou » (pour les français, Bub pour les anglophones), malgré le désaccord de Rhodes et des autres militaires, qui doivent continuer, de fournir des cobayes au "docteur Frankenstein" comme ils le nomment, en "attrapant" des morts de l'autre côté de la limite du bunker souterrain.

C'est dans une ambiance dangereuse, à bout de nerfs (Miguel commence à perdre les pédales sérieusement), où les militaires maltraitent les scientifiques, idéale pour les claustrophobes (tout se passe dans le bunker, l'impression que l'air est lourd, pauvre en oxygène, infesté de mort), que Sarah, se lie d'amitié avec le conducteur d'hélicoptère (John) et le spécialiste en électricité/électronique (McDermott), et pose un regard sur ce que ses condisciples armés ou en blouse blanche fabriquent. La situation initiale fait encore sourire, Logan étant drôle par son côté "nous pouvons les dresser, oui", les autres militaires semblant encore calmes et tentant de rire, mais quelque chose se trame, quelque chose de fatal, qui donne une boule au ventre après quelques minutes.






(les six premières minutes du film)




Je vais m'arrêter ici pour le résumé de l'histoire, car, comme les fans de Romero le savent, ça se termine forcément dans le sang, les intestins, les musiques d'outre-tombe, et une impression bizarre qui envahit le spectateur ; il faut se barricader chez soi, à tout prix, ils arrivent.
Ce troisième film de Romero sur ses zombies adorés, date de 1985, et traite d'une sorte de malaise concernant les expériences scientifiques mêlées à l'inexplicable, le totalitarisme, et l'omniprésence militaire (ainsi que sa volonté de tout contrôler). Tout en étant le film le plus "bizarre" puisque dans les deux opus précédents, les zombies n'avaient pas pris le contrôle de toute la Terre, dirons-nous pour la forme, et qu'ici, il n'y a plus d'issue, ça en devient même déprimant et carrément fataliste, Day of the Dead n'en reste pas moins le meilleur, selon l'auteure qui raffole des scénarios "fin-du-monde-atroce-on-va-tous-mourir-ou-on-l'-est-déjà-tous". Bien sûr, ici on ne parle pas de Land of the Dead ou Diary of the Dead, faisons semblant d'être dans les eighties, le propos des deux derniers films ne parle pas autant à l'auteure.

Bref, ce qui rend si culte la trilogie (imaginons que nous sommes en 1985', ok?), outre l'engagement politico-sociologique de Romero, c'est l'ambiance. Un bon film d'horreur doit fonctionner sur l'ambiance, créer une tension palpable chez le spectateur, lui donner envie de fermer les yeux, de peur de voir ce qui peut se passer. L'atmosphère de ce film se situe dans la claustrophobie que le spectateur élabore, au fur et à mesure de cette histoire close, se passant presque entre quatre murs, de cette empreinte de mort imminente flottant au-dessus des protagonistes, laissés à eux-mêmes, à leurs instincts les plus destructeurs ; Rhodes va même aller jusqu'au meurtre, Miguel jusqu'à une forme de suicide ( ou comment se jeter dans la gueule du loup, si je peux me permettre).
Tandis que les humains deviennent d'une certaine manière des morts-vivants, un mort-vivant redevient un humain : Bub / Boubou prouvera son attachement à Logan.

La fin sera un coup de théâtre, brutal, balayant ce reste de soi-disant humanité, laissant juste en vie ce qui importe à Romero : les femmes, les noirs, les opprimés.
Seuls ceux qui gardent leur âme survivent.




samedi 15 août 2009

Last Movies on huge screen




Harry Potter and the Half Blood Prince de David Yates

A moins d'avoir été complètement sourd, aveugle, ou ermite, il est impossible de ne pas avoir entendu parler de la suite des aventures (sexuelles) du petit sorcier bigleux. Nous vivons dans un monde harrypotterien, qu'on se le dise.

Pour ce deuxième opus de Yates, sixième de la série et avant-avant-dernier puisque le dernier livre sera présenté en deux films (vous suivez toujours?), les critiques vont aussi bien dans le bon, très bon que dans le mauvais, très mauvais.
D'abord, sondage en salles ; entre ceux qui hurlent qu'ils voulaient voir le livre, que comme d'habitude, les trente milliards de détails insignifiants qu'ils s'attendaient à voir ont été ignorés, et les autres, qui acclament une réalisation innovatrice, un scénario relativement fluide et une histoire bien ficelée, il y a un monde.


Je vais tenter de ne pas céder à la tentation de dépeindre mon enthousiasme quant à ce niveau film, et concentrer mes forces dans une critique plus neutre. Miracle? Miracoli.

D'abord, il ne faut pas cracher dans la soupe, si, le casting de la crême de la crême britannique est réunie dans l'enceinte de Hogwarts ce n'est pas pour des prunes : c'est pour attirer le public, et assurer une certaine qualité, qui, selon moi, est fort présente, même si beaucoup de rôles sont effacés au profit de certains autres, comme celui d'Harry, de Dumbledore, de Malefoy, de Rogue, d'Hermione, et de Ron. Michael Gambon, en Dumbledore, livre une prestation très plaisante, sage mais précieuse et vitale pour cet épisode avec un certain twist final.
On note également aussi l'apparition d'Horace Slughorn joué avec brio et sournoiserie
par le débonnaire Jim Broadbent.

Au final, c'est un film qu'on pourrait qualifier "d'entre-deux", plus sombre que le cinquième, à part (parce qu'il parle d'une partie de la jeunesse de Voldemort), plus drôle (l'humour tient une place importante, surtout à travers les amourettes de Ron, d'Hermione et d'Harry), et certes plus psychologique ; on se centre sur moins de personnages, autant les soigner.

C'est pour l'instant mon préféré de la série. Mais ceci n'est qu'une confidence.
(Il faut dire que le sixième livre était déjà mon favori)



lundi 4 mai 2009

Last Movies on HUGE SCREEN

X-Men Origins : Wolverine de Gavin Hood, avec Hugh Jackman

Quand le super-héros revient, les souris chantent, dansent et repartent au plus vite.


Il est rare que je reste de marbre face à un film. Soit j'aime, soit j'apprécie tout en étant déçue, soit je n'aime pas du tout. Wolverine m'a rappelé que je pouvais ne pas ressentir un quelconque sentiment ; en effet, le film est aussi plat que les assiettes à fromage de ma grand-mère.
Et pourquoi donc? Parce que le but sous-jacent de la sortie de nanar était de faire jaser les billets des adolescentes en chaleur qui crient avec toute leur libido "Oh, Hugh, prends-moi".

Bon, ok, mon explication peut sembler des plus triviales, mais je ne sais même pas quoi dire comme semblant de synopsis.
Essayons quand même.
Wolverine, c'est James, un petit gosse qui a découvert qu'il avait de très grosses griffes le jour où il a compris que son papa n'était pas son papa et que ce connard de vilain de Victor était son frère. Victor et James vont ensemble aller participer à toutes les guerres et se faire enrôler dans un super commando, une centaine d'années plus tard, genre en 1975, et puis, pouf, James aka Wolverine va se séparer de ses potes les mutants formant l'élite militaire parce que le goût du sang ce n'est pas son délire. Il revient à une vie calme jusqu'à ce que.
(Et puis, c'est le bordel. Quoi que le début est déjà un beau bordel).

Que mémoriser? Pas grand-chose, en vérité. Effets spéciaux bâclés trop souvent, histoire plus "nimportequoichaotique" qu'intriguante, personnages peu soignés dont la psychologie n'est guère existante. En gros : une grosse démonstration d'explosions, pour XX hystériques désirant le corps d'Hugh Jackman.


Plus d'infos sur ce film



The Boy in the Striped Pyjamas de Mark Herman avec Asa Butterfield


Bruno est un petit allemand de huit ans qui vit avec ses parents et sa soeur à Berlin, pendant la seconde guerre mondiale. Un jour, en revenant de l'école, il apprend que son père vient de recevoir une promotion et que toute la famille va déménager.
S'embêtant à deux cents à l'heure dans leur nouvelle demeure loin de tout, Bruno fait, en allant se promener là où ses parents lui ont interdit, la connaissance de Shmuel, un enfant juif, vivant de l'autre côté d'une immense barrière électrique.

Déclenchant les foudres des historiens qui n'en ont fait qu'une bouchée (les enfants juifs étaient gazés dès leur arrivée à Auschwitz), la fable de John Boyne était vouée à un échec tant elle était dépréciée par les grands experts. Pour l'adaptation cinématographique, on a volontairement supprimé le nom du camp, voulant rendre moins historiquement faux, et plus symboliquement universel.
Ici, il n'est pas question d'un enième film sur la seconde guerre mondiale avec du sang, des boyaux, de la rate et du cerveau, mais plutôt du regard d'un enfant innocent sur les choses étranges que les adultes font.
The Boy in the Striped Pyjamas se veut un film pour enfants, mais aussi pour adultes. Les enfants y verront l'ennui mortel de Bruno (ainsi que son amitié avec Shmuel) tandis que les adultes se focaliseront sur la candeur avec laquelle les enfants décident consciemment ou non d'altérer leur perception, et la difficulté d'évoluer dans une relation se déroulant dans un climat hostile.

Un film tragique sur la fin, clouant sur place le spectateur, non pas pour faire l'apologie de l'aboutissement funeste, mais plutôt pour évoquer avec plus d'insistance le fait que tout le monde y est passé, bon ou mauvais, attendrissant comme Bruno ou non.


lundi 27 avril 2009

Last movies

Cliente de Josiane Balasko avec Nathalie Baye





Nathalie Baye étant une de mes actrices françaises préférées, je n'ai pu résister à l'appel de la voir en femme mûre (vive la cinquantaine alors que la divine vient de dépasser le cap de la dizaine en plus) sollicitant les services d'escorts boys.

Pas besoin de rappeler que tout le monde a ressassé inlassablement que madame Balasko traitait d'un sujet dit tabou, parce ce sont d'habitude les hommes qui dépensent des billets pour voir des femmes et pas l'inverse.

Apologie de la femme libre capable de freiner ses émotions et de tirer un coup comme un mec? Pas vraiment. Histoire d'une femme plutôt à plaindre dans la mesure où elle ne semble pas pouvoir redonner sa confiance après un divorce douloureux quelques années auparavant.

Que retenir? Nathalie Baye, tantôt mutine, tantôt fanée. Balasko, assez drôle. Un sujet pas évident, qui aurait pu tomber dans les dérives fraises-chocolat-amour-toujours, mais qui finalement, s'en sort assez bien. Non pas un mais plusieurs points de vue des personnages principaux, qui permettent une meilleure compréhension des buts, des attentes. Un Eric Caravaca plutôt convaincant, sans vaciller dans un personnage trop extrême.
Points noirs? Le rôle tenu par Marilou Berry, la fille de Balasko. Je n'ai rien contre elle, mais son rôle est un des plus saoulants qui puissent exister. Autre carte rouge : Isabelle Carré dont on a furieusement envie de baffer le visage.

En bref, à voir mais assurément pas en boucle.


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Knowing d'Alex Proyas avec Nicolas Cage

Je n'ai aucunement honte d'avoir été le voir, je préviens à l'avance. Pourquoi? Parce que la bande-annonce m'a quand même emballée, alors que ce n'est pas toujours le cas avec des films relatant diverses catastrophes (trop) spectaculaires. Il est vrai que la critique ne sera pas sucrée, mais elle ne sera pas aussi cataclysmique que celles que j'ai pu faire sur d'autres films d'un genre similaire, dirons-nous.


Au début, tout va bien. Nicolas Cage est encore dans le rôle d'un mec hyper intelligent (ma grande question reste quand même : est-ce que Nicolas l'est aussi dans la vie réelle?), avec un enfant bizarre mais possédant un QI et une sensibilité de génie, quelques blagues fusent, on comprend que Cage est plutôt triste ou pessimiste et qu'il pense que finalement on est là sur Terre, par le plus grand des hasards, vive les mutations génétiques.
Tout bascule quand il déchiffre ce qui devait être le dessin d'une gamine, qui était dans l'école de son fils, cinquante ans plus tôt, et qu'il découvre que cet amas de chiffres correspond à des dates de catastrophes, de nombre de victimes etc.

Comprenant que des forces supérieures ou un truc du style a vraiment tout planifié, il essaye de sauver le monde.

Haha? Sauver le monde, les américains adorent les films qui traitent de ça, avec un héros qui sait tout sur tout, une sorte de Mc Gyver en plus scientifique, calé en histoire, et dans tous les domaines possibles. Un sujet à la mode quand les journaux nous crient dans les tympans que la grippe porcine va nous avoir, que le soleil va exploser dans très longtemps (ok, on a le temps pour ça), que l'eau va sérieusement manquer dans peu de temps (oups), que la couche d'ozone déraille, que des cinglés peuplent la Terre et commencent à en avoir marre de ne pas se servir de leurs missiles nucléaires. Paragraphe optimiste, souriez.

J'avoue avoir été quand même un peu captivée au début. La gamine effrayante qui ressemble à celle du films "The Ring", le gosse plutôt insolite, les mecs péryoxydés qui ont l'air de sortir d'un traitement par Lightroom, Nicolas Cage déprimé et alcoolique qui veut sauver la veuve et les orphelines (jolie allusion), et le mystère entourant des gens pas nets. Tout ça se corse avec la fin. J'ai détesté la fin. D'ailleurs, je vais écrire "spoilerinyourface" : c'était une fin à la Indiana Jones et les crânes de cristal. Oups, j'ai dérapé.
Soulignons aussi les effets spéciaux merdiques qui ne servent pas le film du tout.

Un sujet intéressant mais un résultat mitigé.

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Le nouveau monde de Terrence Malick, avec Colin Farrell


L'histoire de Pocahontas vue par Malick, dans des décors à couper le souffle.





S'il y a bien une chose à retenir de ce film, c'est la sorte d'apaisement qu'il procure à son spectateur : emmené dans des décors somptueux où on se perd, enivré par une musique particulièrement calme et introspective, on ne peut que sombrer dans l'accalmie.

L'histoire n'est aucunement sentimentale comme le dessin animé de Disney, essaye de se tenir aux faits. Les faits qui ne reposent que sur la déposition de Smith. Certes, avec ce matériel historique, il a été possible de faire une histoire semblant probante.

La réalisation ne laisse indifférent personne, menée telle une musique oubliée et lointaine, à l'abri des arbres, de la verdure, d'une certaine solitude et d'une beauté naturelle extraordinaire.

Néanmoins, le film reste assez lent ce qui n'est pas sans déplaire à certains.


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jeudi 2 avril 2009

Milk de Gus Van Sant



Gus Van Sant, après son dernier long-métrage Paranoid Park, revient à une réalisation plus conventionnelle pour son film sur Harvey Milk, le premier homme ouvertement homosexuel élu à un poste important (supervisor for english) : conseiller municipal de la ville de San Francisco en 1977.

D'abord, je vais m'écarter un peu du film pour donner mon avis sur des choses que j'ai lues, entendues, et j'en passe. Parce que je pense que c'est important d'en parler maintenant plutôt que dans les dernières lignes (bien qu'en théorie, il parait que les gens se souviennent surtout des dernières lignes, bref).
J'aimerai déclarer que selon moi, en toute objectivité, Milk n'est pas une propagande "soyez gays et respectez-les au point de devenir gays", mais, plutôt, l'illustration de la vie d'un homme qui s'est battu pour des droits civils. Bien sûr, cet homme était homosexuel, bien sûr, il voulait protéger les droits des homosexuels en ces moments peu enclins à la tolérance et à la liberté pour tous, etc, mais, son combat s'inscrit dans les droits civils. Et non, ne mangez pas votre index, vous savez très bien que ça peut être un combat pour les homosexuels, mais aussi pour les femmes, qui, jusqu'il y a quelques années étaient aussi discriminées dans les pays occidentaux(et, pourtant, elles avaient les cathos derrière leurs fesses vu qu'elles ne vivaient pas dans le pêché*), ou même pour les gens de diverses origines ethniques, pas besoin de citer Martin Luther King, etc. Là où j'ai envie d'en venir, c'est au fait que finalement, tous ces combats concernent les droits des citoyens, du peuple. Parce que nous sommes des êtres-vivants, des citoyens, avant d'être des hétéros, des homos, des noirs, des jaunes, des femmes etc. Tout cela n'est que de l'ordre du détail.

Milk, est du point de vue de la réalisation conventionnel, dans la mesure où Van Sant n'a pas décidé de nous offrir une réalisation comme celle de sa grosse dernière vague artistique qu'on peut qualifier de "plans très longs qui durent un temps maximum, vive l'introspection". Voulant sans doute atteindre une grande part de la population, ou jugeant tout simplement qu'une histoire pareille n'avait pas besoin de trop de plans artistiques et hyper introspectifs parce qu'elle se voulait être d'abord une biographie la plus fidèle possible, Van Sant a donc opté pour une réalisation fluide, entrecoupée d'images d'archives et de commentaires de Sean Penn ( le film s'ouvre sur Milk/Penn qui enregistre des cassettes où il raconte son histoire parce qu'il sait qu'il va être assassiné).

Le film retrace donc l'histoire de Harvey Milk, des six dernières années de sa vie, passées à se battre pour les droits des homosexuels dans une Amérique puritaine pas friande de tolérance.
Ainsi, sa lutte contre la Proposition Six, un référendum visant à licencier les enseignants homosexuels (et adoptée dans certains États des USA), et contre toute forme de discrimination dans sa propre ville de San Francisco, ne lui a pas attiré que des amis. C'est donc une pluie de menaces de mort qui l'a trempé du début à la fin de sa carrière politique.

Ce qu'il y a de touchant dans le film, outre la prestation de Sean Penn, c'est qu'il parle d'une bataille pour les droits légitimes des citoyens ; Milk se battait pour ne pas que Briggs et d'autres puritains pourrissent la Californie en y faisant voter des lois qui avaient fait trembler d'autres États et qui visaient à ce que toute personne étant homosexuelle soit naturellement discriminée en matière de boulot, de logement etc.

Un film à voir, entre autre pour sa propre culture générale, mais aussi, pour la réflexion qu'il procure.


(avec le commentaire d'introduction de Gus Van Sant)


Plus d'infos sur ce film



Last movies

Etant en période de vaches maigres (plus beaucoup de temps), l'idée de résumer les derniers films vus (bien que certains méritent plus que quatre lignes... enfin bref) est donc venue se loger confortablement dans mon cortex cérébral.
//edit 27/04 : plus de mémoire pour les autres ébauches, alors, on se contente de the wrestler.




THE WRESTLE
R de Darren ARONOFSKY, avec Mickey Rourke, Marisa Tomei


Quand on a déjà derrière soi trois films notables, on peut avoir peur de se planter pour son grand retour, surtout quand il s'agit d'un thème comme celui-ci. Qui sera attiré? Les fans de catch, et encore, ils risquent d'être bougrement déçus parce qu'il n'y a que trois scènes de catch à proprement parler, et elles ne font pas trente minutes chacune. Le retour de Rourke? Oui, sans doute, mais est-ce suffisant néanmoins à captiver pendant deux heures de film?


The Wrestler raconte l'histoire d'un catcheur, Randy The Ram, qui a eu un succès énorme dans les eighties, et qui, aujourd'hui, "s'assied sur la gueule de mecs" le week-end venu pour payer son loyer et tenter de vivre décemment. La vie n'est pas facile pour The Ram, qui, est seul au monde, avec beaucoup de souvenirs mais plus le corps aussi bien qu'il y a vingt ans.
Après un combat, il s'écroule. Crise cardiaque. Pour lui, selon le médecin, le catch est définitivement fini sous peine de cercueil. Randy tente donc de recoller les morceaux de sa vie à la dérive...

Il est vrai qu'on se prend naturellement d'amitié, enfin, de compassion envers le personnage de Rourke, qui, dans le fond, est un bon gars bien musclé, mais terriblement maladroit et malchanceux. La pitié vient aussi du fait qu'on ne désire absolument pas se retrouver dans sa situation, plutôt digne d'un Robinson Crusoé moderne.
Concernant la réalisation, on reconnait la patte d'Aronofsky dans la mesure où tout est soigné, presque millimétré. Autre plus : certaines scènes sont tournées de manière à ce que le spectateur se sente en face d'un documentaire.

Fable noire sur la célébrité passée, sur le fait de s'accrocher à ce qu'on pense être bon pour soi, et sur la solitude.



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