mercredi 4 novembre 2009

La belle personne de Christophe Honoré






L'homme a toujours donné une importance aux histoires d'amour, que ce soit à travers des poèmes, des romans, des pièces de théâtre, la musique, et depuis un siècle, avec la photographie et le cinéma.L'amour est donc un sujet inépuisable, souvent plus délectable quand impossible ou entravé par de nombreux désastres, laissant des déchirures indélébiles apparaissant sur les visages des personnages principaux, victimes combattant en héros jusqu'au dernier souffle les affres sentimentaux.

Christophe Honoré, réalisateur/scénariste français présentait son film « La belle personne », histoire librement inspirée de « La princesse de Clèves », il y a un an, sur arte, et dans les salles obscures.Le sujet du film, comme on peut s'en douter étant donné la courte introduction ci-dessus, est donc, l'amour, les sentiments amoureux - interdits ou encouragés -, la fidélité, la passion (et tout ce qu'elle implique), la fin tragique aussi.

Junie, seize ans, suite au décès de sa mère, part vivre chez son cousin Matthias, et fréquente le même lycée que ce dernier, où elle rencontre Otto, un jeune homme avec qui elle entame une relation amoureuse quelques temps après son arrivée.Le professeur d'italien, Nemours, véritable arracheur de coeur, s'éprend de Junie, et se laisse consumer par une passion qu'il espère rendre réciproque...

Mettons directement les choses au clair : ce film avait pourtant de bonnes bases (au niveau de l'histoire) pour donner un résultat assez intéressant, mais, faute à un scénario des plus facile, à un jeu d'acteurs excessivement exécrable, à une réalisation se voulant différente mais étant des plus lentes, ennuyeuses à cause d'un rythme qu'on peut qualifier « d'aussi constipé que les histoires d'amours adolescentes pré-pubères », on ne peut être que déçu.

On peut reprocher à Christophe Honoré d'être incapable de défendre les bonnes idées qu'il a au début de l'écriture et qui transparaissent très superficiellement dans ses quelques films comme « Ma mère », « Les chansons d'amour », et maintenant, « La belle personne ». On peut également désapprouver son besoin presque vital de faire traîner en longueur ses films, comme si, faute d'un scénario épatant, il devait rallonger une quantité incroyable de scènes, qui, en deviennent des plus inutiles.(Malgré toutes les reproches figurant ici, j'avoue avoir quand même apprécié « Les chansons d'amour ». Mais pas au point d'en faire un film culte, ou à se repasser toutes les semaines.)


« La belle personne » perd une (trop) grande partie de sa crédibilité à cause du jeu lamentable des acteurs : même Louis Garrel est foncièrement minable (et je m'en veux d'écrire une chose pareille sur un acteur étant capable de beaucoup mieux) à marmonner ses mots, de façon incompréhensible, avec des intonations inappropriées, et souvent absurdes. Grégoire Leprince-Ringuet, s'étant illustré dans « Les chansons d'amour » hérite d'un rôle « cinquième roue du carosse » ne poussant pas le spectateur à une quelconque empathie, tandis que Léa Seydoux est plus talentueuse lorsqu'elle ne dit mot. En réalité, les acteurs sont plus potables lorsqu'ils jouent de leur corps, et non pas de mots, car, lorsque leurs bouches s'ouvrent, c'est uniquement pour mâchouiller des phrases, rendant leur discours confus : en gros, même en montant le son, on ne comprend pas grand-chose.

Ce qui est dommage, et j'insiste sur ce mot, tient dans le fait que les ingrédients de base du film étaient promis à quelque chose de bon, et qu'au final, la cuisson a raté, Honoré n'a pas vraiment bien tamisé sa farine, il restait trop de grumeaux dans la pâte, c'est triste mais c'est comme ça. L'esthétique, trop laiteuse, les tons trop saturés, la lenteur du film, les personnages superficiels et stéréotypés, tout ceci endort avec beaucoup de grâce, mais ne rend pas compte d'une histoire d'amour, sur la passion, l'attente, l'interdit, la peur de perdre l'autre, la douleur de ne pas être aimé comme on aime, et, c'est vraiment triste.