mardi 27 janvier 2009

[panthéon] Der Untergang de Oliver Hirschbiegel







En 2005, un scandale éclate ; un film sur les derniers jours d'Hitler dans son bunker berlinois va sortir. Le problème? Hitler n'est pas décrit comme le pire des salauds, il l'est, certes comme un gars colérique, hystérique et à demi fou, mais comme un humain dans la mesure où on le voit être gentil avec ses secrétaires, son chien, avec des enfants, avoir des sentiments dits humains, ne pas être constamment dévoré par la haine et l'aliénation. Un choc pour certains, une révélation pour d'autres.

Nous sommes en avril 1945, le 20, jour de l'anniversaire du Führer. Berlin est en proie aux bombardements, à l'armée rouge qui commence à l'étouffer et à la détruire de toute part. Pendant ce temps, terré sous terre, complètement désaxé, Hitler s'enfonce dans les dernières illusions devenant de plus en plus virulentes au fur et à mesure que les jours passent tandis que ses armées sont en déroute et que ses généraux boivent tant qu'ils peuvent, tout ceci dans une ambiance morbide.

Le bunker est la scène principale, le premier rôle est bien évidemment tenu par un dictateur moustachu, et le tout, est raconté du point de vue de Traudl Junge, la secrétaire d'Hitler, qu'il avait choisie pour son origine munichoise en 1942.
Couleurs ternes, claustrophobie chez le spectateur, tout est fait pour suggérer cet aspect "fin du monde" auquel on ajoute une dose de malsain : les généraux attendent, s'emmerdent, boivent, se font engueuler parce qu'ils ont un semblant de lucidité et qu'ils savent que leurs armées vivent une débandade catastrophique qui les empêche de protéger Berlin.
Hitler, lui, tremble, hurle, est lunatique et espère. C'est lui le dernier bastion de la conviction que le Reich triomphera des ennemis anglais, russes, et américains, il croit dur comme (la croix de) fer qu'une victoire est possible alors que l'Allemagne agonise. Pour lui, tout est possible, il se perd dans des chimères improbables et désire que ses souhaits les plus siphonnés soient exaucés sur le champ, coûte que coûte.

Outre le point de vue de Traudl Junge, il y a aussi le point de vue d'un enfant faisant partie de la célèbre armée de Berlin réputée pour ses soldats en culottes courtes, ainsi que le point de vue d'un médecin SS voulant sauver la population en priorité, et de quelques généraux.
En gros, la représentation de personnes désirant survivre dans Berlin devenue ville de guerre.

Comme je disais en introduction, la présentation d'Hitler est déroutante ; il est un homme attentionné, discret, plutôt sympathique quand il veut, et assurément agité et irascible en présence de ses généraux. Bien sûr, Traudl Junge, dans des extraits d'interview (au début et à la fin du film) dit qu'elle s'est sentie coupable, après avoir découvert ce qu'avait réellement fait Hitler (camps d'extermination etc), car, elle l'avait toujours apprécié, étant donné qu'il avait toujours été patient et agréable avec elle. Ceci dit, on sent qu'elle comprend, à partir de la moitié du film, et au moment où tout bascule inexorablement dans le chaos, que finalement, le Führer est un type plutôt bizarre et sans doute dangereux.


Extrait :

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Le but du film n'est pas de délirer sur le petit homme excité grâce à qui l'Europe fut en feu et en sang, mais plutôt de dresser la vision que Traudl Junge a eu des évènements, qui, est très différente des opinions généralement montrées puisqu'elle montre un visage humain. Ici, on voit un homme, comme tant d'autres finalement, qui est déçu, rongé par la panique, qui veut appliquer ses principes jusqu'à la fin, et qui, au terme de deux heures de film, ouvre les yeux et admet sa défaite en se suicidant (Bien qu'il est vrai aussi que le dictateur s'est surtout suicidé pour échapper aux russes et aux jugements du peuple).

Un film intelligent, nuancé, qui ne tend pas à montrer du doigt et à punir mais à dresser un portrait apocalyptique des derniers jours du Reich, dans un bunker très connu, mais aussi, dans la rue, du point de vue du peuple.








samedi 24 janvier 2009

Marie-Antoinette de Sofia Coppola




Pour son troisième long métrage de sa trilogie concernant l'adolescence et le passage à l'âge adulte, Sofia Coppola décide de livrer au public une grosse meringue ornée de macarons roses parlant de Marie-Antoinette, dernière reine de France.



Marie-Antoinette sort en 2006, et divise la critique : entre ceux qui voient une insulte pour l'Histoire parce qu'on nous sert uniquement les grandes lignes, et ceux qui ne voient que deux heures d'étalages de costumes magnifiques, de décors fabuleux faute de scénario, le film se fait plus d'ennemis que d'amis.

C'est que la fille de Francis Ford Coppola a révisé longuement ses carnets d'Histoire, voulant conter l'histoire la plus communément admise. Marie-Antoinette, mariée trop jeune, toujours trop jeune quatre ans plus tard en montant sur le trône de France. Marie-Antoinette alias Madame Déficit, party girl et fashion victim invétérée (Ok, entorse à la règle niveau historique parce que Coppola privilégie la thèse selon laquelle notre autrichienne aurait forniqué avec le compte Fersen, le" charmeur de ces dames").
Partant de l'Histoire, "la fille de" nous livre un regard sur une Marie-Antoinette désabusée, désenchantée, qui s'emmerde royalement dans un château de Versailles qu'elle trouve ridiculous par le respect d'une Étiquette très surfaite et les pressions qui en découlent.

Marie-Antoinette est adolescente lorsqu'elle débarque dans la grandeur de Versailles, pour s'y marier avec le Dauphin, véritable remède contre l'amour. S'enfermant seule dans une routine constituée par ses dames de compagnie ainsi que les diverses fêtes et jeux, elle tente d'oublier qu'on lui prie de faire un héritier au plus vite et de se montrer sympathique avec la maîtresse de Louis XV. Parce qu'ensuite, c'est la tornade entre la mort du monarque, la montée sur le trône d'elle et de son époux, les ennuis concernant la naissance d'un héritier, la vie à la Cour, les amis, les amours, les emmerdes.

La caméra suit Kirsten Dunst, véritablement transcendante, qui s'amuse de l'ennui, de la peur, de la pression tout au long de deux heures de bonheur. Le plus de Coppola a été d'ajouter de jolies couleurs vives et pastels, de tourner à Versailles même, et enfin, de nous montrer autant de Glamour. Car, les apparences sont bien jolies tandis qu'à l'intérieur, Marie-Antoinette se meurt. Le regard de la dernière reine de France est toujours pétillant, espiègle, plutôt optimiste, et naïf, mais, néanmoins, des plus innocents, ce qui fait qu'on ne se prend pas de haine pour cette jeune fille sur qui le Destin tombe sur la gueule de manière brutale.
Il s'agit donc d'un film très introspectif, dont le but ultime n'est pas d'énumérer les faits, mais plutôt d'y apposer le regard probable de Marie-Antoinette.

Véritable must : la musique du film, qui, comme d'habitude chez Sofia Coppola, est fantastique : mêlant musique classique et rock pour un résultat à la hauteur du film : haut en couleurs.




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