mardi 20 octobre 2009

day of the dead - romero




Première image du film
; une pièce, sans porte visible, un calendrier accroché au mur où des croix témoignent de l'horreur de l'attente, une femme assise contre le mur. Elle se lève, touche le calendrier, et des mains en décomposition passent à travers le mur. Hurlement.

Sarah se réveille dans l'hélicoptère, tandis que celui-ci survole une ville que nous pouvons supposer être en Floride étant donné la végétation, et l'imagerie populaire relative à cette région des USA. L'hélicoptère se pose; la jeune femme, ainsi que Miguel, un militaire fameusement perturbé psychologiquement , sortent et tentent d'appeler dans la rue. Les seules réponses sont des râles agoniques, des feuilles de journaux volantes titrées « les morts marchent », une brise de dollars, un crocodile, et... une foule de personnages bleus, verts, leurs bras raidis devant eux, avançant d'une démarche éthylique, et répondant aux cris par des « aaaaaeeeeeeeeeuuuuuhhh ».
Nos vivants étant en nombre fortement restreint, ils se font la malle, et retournent à leur base militaire, un bunker, où soldats et scientifiques ne coexistent pas spécialement pacifiquement ; le capitaine Rhodes prend le commandement de la base étant donné le décès récent du major, et, son avis sur l'avancement des recherches de Sarah, du docteur Logan aka Frankenstein et du docteur Fisher n'est guère positif ; ça ne va pas assez vite, ça fait bien assez longtemps qu'ils sont coincés ici, après tout, ses hommes à lui meurent depuis qu'ils sont là.
La raison de l'existence de cette base souterraine est de trouver une solution pour remédier aux morts-vivants : soit les exterminer, soit trouver un antidote à ce qu'il sont ; cependant, Logan, lui, essaye de dresser un spécimen qu'il a appelé « Boubou » (pour les français, Bub pour les anglophones), malgré le désaccord de Rhodes et des autres militaires, qui doivent continuer, de fournir des cobayes au "docteur Frankenstein" comme ils le nomment, en "attrapant" des morts de l'autre côté de la limite du bunker souterrain.

C'est dans une ambiance dangereuse, à bout de nerfs (Miguel commence à perdre les pédales sérieusement), où les militaires maltraitent les scientifiques, idéale pour les claustrophobes (tout se passe dans le bunker, l'impression que l'air est lourd, pauvre en oxygène, infesté de mort), que Sarah, se lie d'amitié avec le conducteur d'hélicoptère (John) et le spécialiste en électricité/électronique (McDermott), et pose un regard sur ce que ses condisciples armés ou en blouse blanche fabriquent. La situation initiale fait encore sourire, Logan étant drôle par son côté "nous pouvons les dresser, oui", les autres militaires semblant encore calmes et tentant de rire, mais quelque chose se trame, quelque chose de fatal, qui donne une boule au ventre après quelques minutes.






(les six premières minutes du film)




Je vais m'arrêter ici pour le résumé de l'histoire, car, comme les fans de Romero le savent, ça se termine forcément dans le sang, les intestins, les musiques d'outre-tombe, et une impression bizarre qui envahit le spectateur ; il faut se barricader chez soi, à tout prix, ils arrivent.
Ce troisième film de Romero sur ses zombies adorés, date de 1985, et traite d'une sorte de malaise concernant les expériences scientifiques mêlées à l'inexplicable, le totalitarisme, et l'omniprésence militaire (ainsi que sa volonté de tout contrôler). Tout en étant le film le plus "bizarre" puisque dans les deux opus précédents, les zombies n'avaient pas pris le contrôle de toute la Terre, dirons-nous pour la forme, et qu'ici, il n'y a plus d'issue, ça en devient même déprimant et carrément fataliste, Day of the Dead n'en reste pas moins le meilleur, selon l'auteure qui raffole des scénarios "fin-du-monde-atroce-on-va-tous-mourir-ou-on-l'-est-déjà-tous". Bien sûr, ici on ne parle pas de Land of the Dead ou Diary of the Dead, faisons semblant d'être dans les eighties, le propos des deux derniers films ne parle pas autant à l'auteure.

Bref, ce qui rend si culte la trilogie (imaginons que nous sommes en 1985', ok?), outre l'engagement politico-sociologique de Romero, c'est l'ambiance. Un bon film d'horreur doit fonctionner sur l'ambiance, créer une tension palpable chez le spectateur, lui donner envie de fermer les yeux, de peur de voir ce qui peut se passer. L'atmosphère de ce film se situe dans la claustrophobie que le spectateur élabore, au fur et à mesure de cette histoire close, se passant presque entre quatre murs, de cette empreinte de mort imminente flottant au-dessus des protagonistes, laissés à eux-mêmes, à leurs instincts les plus destructeurs ; Rhodes va même aller jusqu'au meurtre, Miguel jusqu'à une forme de suicide ( ou comment se jeter dans la gueule du loup, si je peux me permettre).
Tandis que les humains deviennent d'une certaine manière des morts-vivants, un mort-vivant redevient un humain : Bub / Boubou prouvera son attachement à Logan.

La fin sera un coup de théâtre, brutal, balayant ce reste de soi-disant humanité, laissant juste en vie ce qui importe à Romero : les femmes, les noirs, les opprimés.
Seuls ceux qui gardent leur âme survivent.