(Pour films honteux)
C'était à l'époque où Lindsay Lohan ne prenait pas de drogues, se brossait les dents tous les matins, et ne couchait pas avec le premier venu. Il y avait des publicités par milliers, qui pullulaient aux arrêts de bus, dans les gares : un nouveau film mettant en scène la célèbre rousse qui jouait quelques années plus tôt une paire de jumelles (et presque un télescope) était sorti, racontant l'intégration d'une paumé-loseuse dans un lycée où les Plastiques règnent en maîtres. Mon amie Camille et moi, sceptiques, mais amusées à l'idée de revoir Lohan trémousser les fesses, sommes allées à une séance, un après-midi, en nous jurant que putain personne ne devrait le savoir sinon trop la honte putain, un peu comme quand notre amie Simone nous a dit qu'elle avait perdu sa virginité avec le professeur de gym, en plein cours de math, un vendredi matin, alors que les oiseaux chantaient encore du Brel. Mean Girls, c'est simple, faut pas avoir fait anglais première langue pour savoir que ça veut dire « méchantes/mauvaises filles », ou même, je rappelle à notre aimable clientèle, « filles radines », parce que « mean », ça veut dire « personne qui n'aime pas dépenser trente cents pour les autres » (pour aller plus loin, si vous dites à quelqu'un « you're so mean » ça veut dire « tu es un gros enfoiré et je ne vois pas en quoi ça te dérange de me payer un macaron à cinquante cents, espèce de gros fils de riches »). Les mauvaises filles, ce sont celles qui font les tumeurs malignes, qui agissent en vraies petites putes, qui ne pensent qu'à leur nombril – souvent traversé par un piercing - , qui parlent dans votre dos, et passent plus de temps à lisser leur tignasse qu'à faire travailler leurs neurones. Le titre français de Mean Girls est « Lolita malgré moi », certes maladroit, mais témoignant de l'intrigue du film, malgré tout.
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Cady Heron (Lindsay Lohan) a passé son enfance en Afrique, à se prendre pour une gazelle, jusqu'au jour où ses parents lui ont fait le coup de décider de rentrer aux USA. Maladroite, peu douée pour les relations humaines (la pauvre gamine n'a pas été à l'école comme tout le monde, mademoiselle était homeschooled), elle n'arrive pas sans tracas au lycée. Après avoir passé son premier temps de midi à manger dans les toilettes, elle fait l'heureuse rencontre de Janis et de Damian « almost too gay to funtion », un duo inattendu mais sincère. S'intégrant dans son groupe d'amis, elle ne peut s'empêcher de remarquer les « Plastiques », un trio de nanas bonnes – mais putasses – dirigées par la reine des abeilles, la blonde Régina George (Rachel McAdams), diabolique petit bout de femme qui ne pense qu'à elle et sa prétendue beauté, comme la Reine dans Blanche-Neige. (Nous marquons une parenthèse, comme dans les apartés au théâtre où un personnage murmure au public qu'il a perdu sa culotte le soir du concert de Madonna ; loin de moi l'envie de critiquer le physique de Rachel McAdams, mais, soyons réalistes, son personnage se prend pour la fille la plus baisable du monde, même qu'elle est persuadée qu'elle filerait une érection au Pape en moins de dix secondes) Janis propose à Cadie de s'immiscer dans le groupe des Plastiques, pour rire, et découvrir ce qui se cache sous le sourire freedent de Régina. Restant innocente dans un premier temps, Cadie passe à la vitesse supérieure lorsque Régina, ayant appris que Cadie aimait bien son ex, Aaron, se met à ressortir avec lui. Une chose est sûre, maintenant, Cadie doit détruire Régina, et tous les moyens sont permis, entre filles, il n'y a que la loi de la plus salope qui prime. Le seul petit problème, c'est qu'en essayant de devenir comme Régina, Cadie s'est transformée en monstre de superficialité et d'imbécilité.
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