mercredi 17 mars 2010

Julie & Julia de Nora Ephron

Is there anything better than butter? Think it over, any time you taste something that's delicious beyond imagining and you say 'what's in this?' the answer is always going to be butter. The day there is a meteorite rushing toward Earth and we have thirty days to live, I am going to spend it eating butter. Here is my final word on the subject, you can never have too much butter.
(Existe-t-il quelque chose de meilleur que le beurre? Réfléchissez-y, à chaque fois que vous goûtez quelque chose qui est excellent, bien au-delà de vos espérances et vos rêves, et que vous vous dites « mais qu'est-ce qu'il y a dedans? », la réponse sera toujours le beurre. Le jour où une météorite se précipite vers la Terre, et que nous n'avons plus que trente jours à vivre, je vais les passer à manger du beurre. Voilà mon dernier mot sur le sujet : vous ne pouvez jamais avoir assez de beurre)




Julie Powell, début de la trentaine, s'ennuie dans sa vie, en 2002. Elle est fonctionnaire, et répond au téléphone toute la journée, dans un bureau de réclamations mis en place après le 11 septembre.
Alors que ses amies flirtent avec le succès, elle décide, au lieu de s'irriter, de faire quelque chose, pour son épanouissement personnel. C'est un peu par hasard, au cours d'une discussion entre elle et son époux, Eric, que l'idée de tenir un blog, pendant 365 jours, sur les 524 recettes du livre de Julia Child, lui vient à l'esprit. L'aventure commence, faite de rebondissements, de rires, de pleurs, mais surtout d'endurcissement.
En parallèle, nous suivons l'histoire de Julia Child, cinquante ans plus tôt, une américaine venue suivre son époux à Paris, qui, s'embête à cent à l'heure, se languissant de trouver une activité qui lui redonnerait un peu d'énergie, de passion. C'est alors qu'elle entreprend de prendre des cours de cuisine française, dans un institut réputé.

Julie & Julia s'inspire du livre éponyme, publié en en 2005, écrit par Julie Powell, qui raconte son expérience d'un an de cuisine française à la Julia Child, entre désossement de canard, gâteaux au chocolat, homards à ébouillanter et prise de poids légère.

Julie et Julia sont deux femmes plutôt ordinaires, qui aimeraient aller plus loin que ce à quoi leur vie du moment les enchaine, c'est une histoire d'émancipation de la femme, du désir de se surpasser, de même devancer son époux (pas pour l'humilier, mais pour prouver qu'on peut avoir plus de succès qu'un homme), par un acharnement passionnel à son objectif.
Julie, femme moderne, s'entête à penser qu'elle doit finir ce projet, pour elle-même, pour tout simplement finir une bonne fois pour toutes quelque chose. Heureusement pour elle, comme elle le dit au début du film, cuisiner est la chose qui arrive à la détendre le plus aisément.
Julia s'oriente vers la cuisine, avant tout, parce qu'elle aime manger, d'abord. C'est donc avec beaucoup de plaisir que cette activité l'occupe, la pousse à rencontrer d'autres femmes qui partagent sa passion pour l'art culinaire, et, qui vont l'initier à la rédaction d'un livre de recettes.



Meryl Streep est Julia Child, figure connue pour avoir initié les américains à la finesse de la cuisine française. Le rôle de cette icône a apporté son lot de nominations, de victoires, pour Streep, qui n'a plus besoin de prouver au monde son talent. Cette composition est d'autant plus drôle que le personnage est burlesque, toujours rieur, reflétant une bonne humeur évidente, ce qui contraste avec un des derniers rôles de la célèbre américaine, dans Doubt, où elle jouait une bonne-soeur cruelle, imbue d'elle-même et prête à tout pour couler un prêtre. En parlant de Doubt, Julie Powell est interprétée par Amy Adams, qui, ici, nous présente une jeune femme désabusée, qui manque de confiance en elle, et qui, par son défi culinaire, réussi à revivre, à redonner un sens à ce qui semblait perdu. A noter : de très bons seconds rôles, Stanley Tucci en Paul Child, et Chris Messina (Ted, dans la dernière saison de Six Feet Under pour évoquer un rôle marquant de cet acteur encore un peu méconnu) en Eric Powell.
Pour une anecdote de tournage : Meryl Streep faisant un peu moins d'un mètre septante, et Julia Child ayant mesuré presque un mètre nonante, l'équipe a dû trouver des petits trucs pour mettre en évidence la grande taille de la célèbre cuisinière.

Julie & Julia n'est pas un film destiné aux gastronomes, ou autres fans de cuisine ; avant de parler véritablement de boustifaille, le film parle de passion (pas dans le sens sexuel ou amoureux), de jusqu'où vont des personnes pour réaliser ces dernières.
Il est très intéressant de pousser une rapide comparaison entre les deux principales protagonistes : elles portent le même prénom (à un a près), sont mariées, n'ont pas de situation professionnelle plaisante (une ne fait rien, l'autre répond au téléphone toute la journée tandis que ses amies se pavanent avec leurs gros deals en millions de dollars, leurs blogs connus et lus par presque tout New-York), et ont l'amour de la cuisine. Si l'une galère pour obtenir une publication, un certain succès, l'autre peut remercier internet d'avoir fait d'elle quelqu'un de connu.

C'est par son identification à Julia que Julie trouve la motivation de continuer, au péril de ses casseroles, de son chat, de sa taille, et de sa relation avec son mari.
Julia, continue d'écrire, de corriger les recettes, de les adapter, même si toutes les maisons d'éditions l'envoient se mettre son canard désossé dans le rectum.
Il y a bien une petite morale cachée, discrètement dans le film : n'oubliez pas de vous battre pour ce que vous voulez, la persévérance est la seule monnaie du succès.



Et bien sûr, Julie Powell idolâtre Julia Child, peut-être trop à l'extrême pour sembler crédible, voilà l'unique point noir de ce film réjouissant, drôle, qui vous donnera envie de faire un boeuf bourguignon à tous vos amis.