lundi 14 juin 2010

whip it 2009

« I like smart girls. That's why I married your mama. Well, that and I knocked her up »
(J'aime les filles intelligentes. C'est pour ça que j'ai épousé ta maman. Enfin, ça et le fait que je l'ai foutue en cloque)

Whip It est la première réalisation de Drew Barrymore, une enfant de la balle, qui nous avait fait craquer avec sa petite bouille ronde et mutine dans E.T. avant d'être une petite droguée dans la vie réelle, à même pas treize ans. Passé ces déboires presque normaux dans la vie des enfants-stars, il n'en reste pas moins que ce premier essai de réalisation ne vaut pas un prix prestigieux, mais retient l'attention et promet des prochaines tentatives sympathiques.
Parce que Whip It est un film dans la vague de tant d'autres comme Little Miss Sunshine, Juno, une présentation d'une situation presque catastrophique où les personnages doivent faire quelque chose par rapport à leur identité, avec humour de préférence, et sourire béats à la sortie pour les spectateurs.
L'autre atout charismatique de Whip It est la très petite en taille mais grande en talent, Ellen Page, une icône cinématographique très « rock » depuis son regard et son gros ventre provocateur dans Juno.

Whip It raconte l'histoire d'une adolescente de dix-sept ans, Bliss Cavendar, qui passe la plupart de son temps libre à faire plaisir à sa mère en participant à des concours de beauté (sortis tout droit des années cinquante, sans Elvis par contre) dans son bled pourri du Texas quand elle ne travaille pas avec sa meilleure amie, Pash, dans une sorte de fast-food d'autoroute dans leur ville, à Bodeen.
Echappant à la surveillance dictatoriale de leurs parents, Bliss et Pash s'évadent pour une soirée à Austin, où elles font la connaissance du roller derby, une sorte de sport délirant sur patins à roulettes que font des nanas qui ressemblent à des suicide girls (pour les incultes, une suicide girl, c'est une fille qui pose nue sur internet dont le corps est orné, en général, de nombreux tatouages et piercings). Succombant à une crise de « fan attitude », Bliss parle à une des filles des Hurl Scouts – une équipe qui n'a jamais gagné de match- qui lui propose de venir à une sélection, histoire de « be your own hero » (sois ton propre héros). Evidemment, Bliss est engagée dans l'équipe, se démarque par sa rapidité démente, se prend au jeu de la double vie, pimentée par la rencontre avec un musicien et les matchs où elle brille, permettant à son équipe de nulles de gagner.



Whip It est un film très rock, au-delà de la culture tatouages, piercings, rollers, patins à roulettes, trous paumés du Texas, c'est une déclaration d'amour à un style musical, un genre de vie, au girl power. Parce que bien sûr, les femmes ont une place importante dans le film, les hommes jouant les décorations occasionnelles tandis que le centre de l'attention concerne, d'un certain point de vue, la place de la femme. Bliss est dans un entre-deux : d'un côté, sa vie rangée que sa mère entretient en la faisant participer à des concours où les bonnes manières importent, et d'un autre, dès qu'elle devient Babe Ruthless, membre de l'équipe des Hurl Scouts, elle est une autre, une femme sûre d'elle, qui sait ce qu'elle veut, et qui ouvre sa gueule quand bon lui semble. Bien sûr, heureusement, le contraste n'est pas trop net, Bliss n'est pas schizophrénique, elle oscille entre ce qu'elle veut et ce qu'elle doit taire – histoire que tout se passe bien avec sa mère et son père.
La relation entre ses parents est très peu esquissée, puisque l'intrigue s'intéresse surtout à la perception que Bliss a d'elle-même (et de ce qu'elle voudrait être), et au lien entre elle et sa maman, relativement complexe.

Les personnages principaux sont riches, et intéressants du point de vue psychologique.
Les deux principaux sont Bliss (jouée par Ellen Page), une fille pas spécialement bien dans sa peau, qui ne sait pas si elle peut être ce qu'elle veut ou ce que sa mère désire qu'elle soit. Son évolution, en une heure cinquante, est une des plus captivantes que le cinéma du genre « comédie » ait pu offrir, rappelant les propres problèmes identitaires auxquels les adolescents sont confrontés.
La mère de Bliss, Brooke Cavendar (interprétée par Marcia Gay Harden) est une femme de l'époque actuelle, avec un travail, des obligations, mais des idéaux sortis des années soixante, voulant faire au mieux pour sa fille sans se rendre compte de ce qui ne va pas.
Au niveau des rôles secondaires, Daniel Stern – inoubliable Marvin de Home Alone – joue les pères rigolos, Juliette Lewis est Iron Maven, une super bitch de compétition dans l'équipe des joueuses qui ne perdent jamais. Et finalement, Drew Barrymore s'invite dans son film – alors qu'elle aurait pu réellement s'abstenir, seul bémol au film – pour une démonstration de grand n'importe quoi burlesque.

Whip It n'est pas un film pour intellectuels coincés du cul, le film s'adresse aux gens qui ont envie de s'amuser, de s'évader, de vivre un instant rock'n'roll, en regardant un sport presque irréel, dans un décor désertique impensable pour nous petits européens, avec Ellen Page, une actrice foutrement charismatique et à suivre, définitivement.
(Et la fin du film n'est pas prévisible, ce qui est rare avec les films du genre)