lundi 11 janvier 2010

Minority Report Spielberg


2002, Minority Report, nouveau Spielberg, adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick datant de 1956, qui brosse le portrait d'une société, en 2054, à Washington, où le crime est maîtrisé grâce à trois précogs qui ont des visions des futurs crimes permettant à une équipe d'intervention spéciale dont l'agent John Anderton fait partie d'intervenir.

2054, Washington. Lamar Burgess est le directeur de la cellule anti-criminelle de Washington, qui, a mené à bien son projet de Précrime, l'assurance d'un monde sans meurtre. L'agent John Anderton, incontournable dans ce service, et haut-placé, est reconnu et fort apprécié par Burgess pour son talent, son assiduité.
Néanmoins, Anderton, bien sous tout rapport, solitaire dans l'âme, se révèle, la nuit tombée, toxicomane incapable de se faire à l'idée du décès de son fils, il y a de ça quelques années auparavant, fait qui l'a propulsé dans la lutte anti-crime prônée par Précrime.
Les ennuis de Précrime commencent avec l'arrivée d'un agent du ministère de la Justice, Danny Witwer, très perspicace et résolu à trouver une faille dans le système de Précrime. Mais le plus gros problème pour John tient dans le fait que la nouvelle prédiction des précogs le concerne : il va tuer un homme qu'il ne connait pas dans trente-six heures.

Minority Report est un film d'action sur quelques aspects : quelques scènes de combats, de course-poursuite, mais, c'est surtout un thriller, mêlant action, images subliminales, et enquête menée par John lui-même pour trouver qui il doit tuer, et pourquoi, tout en tentant de prouver son innocence.
Son innocence tient d'ailleurs dans le rapport minoritaire (minority report en anglais) : les trois précogs ne sont pas toujours d'accord, et parfois, une autre prédiction qualifiée de minoritaire (parce qu'elle montre une vision alternative, moins importante que les autres) sort, après l'émission de la prédiction majoritaire.

Le futur, n'est pas évident; il n'y a, pour ainsi dire, pas d'issues : partout, des scanners scannent vos yeux (la fuite est donc risquée pour John), vous identifient, la 3D n'a rien à voir avec aujourd'hui et semble même la réalité, on peut extirper des pensées des gens (enfin, des prédictions), et les précogs, trois individus issus de parents toxicomanes d'ailleurs, sont seuls au monde, dans leur bassin à la couleur lactée, traités avec du respect, certes, mais pas avec humanité : ils sont comme des machines, juste bonnes à sortir des prédictions, tout est fait pour qu'ils ne connaissent rien d'autre que leur monde intérieur, fait de visions.
Il y a bien sûr la question importante du film : peut-on arrêter quelqu'un avant qu'il commette un crime? N'y-a-t-il pas de libre arbitre, de situation qu'on peut renverser?
Le film tente d'y répondre, à plusieurs moments particuliers, pour illustrer le fait que la vie est un ensemble de possibilités, et que même si parfois ce qui semble mener à l'indéniable peut encore trouver un chemin inverse.

Côté décors, ambiance, le film est très bleu, très diaphane, et par son esthétique générale, ressemble plus à un songe qu'à une quelconque réalité (car, ce n'est qu'une nouvelle possibilité, finalement).
Les passages où John regarde des films en 3D (de son fils) sont même d'ailleurs bluffants, hypnotiques. A se demander si dans le futur, l'humain sera capable de faire pareil.
Peut-être que nous pourrons reproduire les mêmes véhicules (qui se dirigent seuls), les mêmes routes (qui vont même à la verticale), car, nous les avons vus dans ce film, c'est une inspiration, maintenant, cela entre dans le domaine du connu, il y a une possibilité de le reproduire.

Niveau casting, Tom Cruise n'offre pas une composition spécialement remarquable, il faut quand même souligner que par le scénario et l'aspect film d'action, ce n'est pas un film de jeux d'acteurs, c'est un film de lieux, d'endroits, de plans, dans lequel on entre comme dans un train qu'on prend en marche.
Colin Farrell lui non plus n'a pas un rôle d'envergure, mais sa façon d'alterner l'énervant (parce que forcément, le spectateur est amené à s'identifier ou à se ranger du côté de Anderton) et le sympathique déroute plus d'un averti.
Samantha Morton, en Agatha (un des précogs) a plus l'opportunité de montrer tout son talent, par des expressions faciales intéressantes, et un comportement très "autiste".

Malgré une longueur peut-être excessive, Minority Report reste le genre de films qu'on regarde presque comme un divertissement, dans le but d'acculer les indices. Un moment pour se laisser emporter dans un autre monde, meilleur ou pire peu importe.