dimanche 10 janvier 2010

Catch me if you can - Spielberg


Frank Abagnale Jr. est un jeune homme de seize ans comme il faut, début des années soixante, adulant son père, et adorant le couple formé par ses parents, qui s'étaient rencontrés en France, à la fin de la seconde guerre mondiale.
Sa vie, toutefois, change lorsque son père, suite à des soucis avec le fisc, est obligé de vendre sa belle voiture, sa belle maison et d'emmener sa famille vivre dans un appartement miteux.
Le drame touche son point le plus sensible lorsque Frank, est obligé de faire un choix entre ses deux parents, car, on lui dit qu'ils divorcent et qu'il doit apposer le nom du parent avec lequel il veut vivre sur un papier officiel. L'adolescent s'enfuit, déstabilisé par tant de changements, et de désillusions.
Très vite épuisé de se faire refuser des chèques, il commence à exceller dans la falsification de chèques et le changement d'identité (pilote, médecin, etc).
Carl Hanratty, un agent du FBI est sur ses traces très vite (quand on vole de grosses sommes d'argent, finalement, le FBI s'en mêle toujours), et le chassé-croisé entre les deux hommes promet d'être drôle, audacieux et culotté.

Un nouveau Spielberg à nouveau sur des faits réels, sur l'Histoire, car, comme le papa de E.T. aime le dire en interview : il raffole de l'Histoire, des histoires vraies et extraordinaires. Jetez un coup d'oeil à sa filmographie, Saving Private Ryan est peut-être une fiction mais le réalisme de sa caméra ne laisse pas indifférent, Munich, Schindler's List, on s'arrête ici, il y a encore beaucoup à citer.
Imaginer qu'un adolescent, à moins de vingt ans, avait réussi à voler environ quatre millions de dollars semble invraisemblable, mais néanmoins, c'est réel. Bien sûr, le film n'est pas entièrement fidèle à l'histoire vraie (l'arrestation finale, par exemple), mais peu importe, le portrait d'Abagnale proposé par le film vaut certainement le détour, rien que pour l'humour et la psychologie du personnage principal.



La période la plus difficile de la vie, celle où on risque de sombrer vite dans le grand n'importe quoi, est celle de l'adolescence. Le psychologue Erikson l'assimile même à la phase où l'identité même de l'adolescent est la plus fragile, soumise à un flux de variations terrifiant, et où le danger d'une identification à une personne peu appropriée est relativement probable.
D'emblée, Frank est perçu comme un jeune homme fort intelligent, sensible, mais en conflit avec lui-même. Après avoir changé d'école et de maison, il se fait passer pour un professeur remplaçant dans sa nouvelle école, sans doute poussé par la réflexion peu sympathique d'un autre élève, se moquant de l'uniforme dans lequel Frank était arrivé.
L'autre problème de Frank réside dans son identification à son père ; il veut devenir comme son père, la personne qu'il semble aimer le plus au monde. Tout au long de son aventure, il ressort les phrases de son père et applique ce que son père lui a dit, par le passé, le plus innocemment.
C'est aussi sans doute à cause de son père qu'il se met à faire de faux chèques et à voler : Frank Senior avait dit à son fils qu'il s'arrangerait pour reprendre tout ce que l'Etat lui avait volé. Chose faite : Frank Junior vole l'Etat pour amasser de l'argent et retourner vivre avec son père et sa mère, comme autrefois, comme avant que tout déconne.

Catch me if you can est un divertissement, avant tout, présentant un personnage relativement attachant par sa malice, mais triste dans sa solitude ; les mensonges, les identités pastichées, n'ont jamais aidé d'une quelconque façon à mener une vie tranquille et remplie de confiance.
Leonardo DiCaprio se débrouille bien, son visage semblant juvénile le rendant convaincant, Tom Hanks a un très bon second rôle, plus drôle qu'autre chose, et on peut citer vite Martin Sheen, Nathalie Baye, et Christopher Walken, en père modèle.
Note amusante : la musique signée John Williams dans l'intro du film