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mardi 1 février 2011

ces emmerdeurs de newbies

Nous allons aujourd'hui parler d'un phénomène observable aussi bien dans le domaine cinématographique, que dans le musical, et dans le monde geek/nerd : c'est l'apogée des newbies qui nous envahissent à coups de réflexions stupides et d'ignorance. Dans le monde du cinéma, nous avons eu droit, dernièrement, à pas mal de gros cartons, que ce soit Avatar en décembre 2009, et Inception en juillet 2010. Et ces cartons riment avec newbies : des nouvelles générations de newbies, de nouveaux so-called cinéphiles ont vu le jour. Pour le plus grand malheur des autres, nous, les vieux de la vieille.

Avatar, le « superbe » film de Cameron était une pompe à fric qui a visiblement submergé (comme le Titanic?) émotionnellement le monde entier, selon certains. Le film avait une jolie forme, mais pas de fond. Tous ceux qui ont gloussé de plaisir à la sortie de la salle en s'écriant que Cameron était au génie ce que Sarkozy était à la taille small n'ont pas vraiment révisé leurs classiques avant d'aller voir le film : en effet, si avant d'avoir vu Avatar, vous vous souveniez très bien de Pocahontas de Disney, de Terrence Malick et de son The New World, et de Dances with Wolves de Costner, l'émerveillement était moindre. Cameron traîne derrière lui de meilleurs films intemporels que Titanic et Avatar : Abyss, le second Alien, et les deux Terminator.

En définitive, Avatar a fait naître bien des passions, et Inception en 2010 a terminé le travail : même si Batman : The Dark Knight a rapporté autant de billets verts que le nouveau body slim minceur de Sanscervelleetsanscellulite, le succès de ce deuxième opus de Batman n'est pas arrivé à la cheville de la tornade Inception. Dans les faits, Inception a fait le même effet qu'Avatar niveau intensité : les spectateurs sortaient de la salle de cinéma en se demandant où était le sacrum du chat domestique, et pourquoi la toupie ne s'était pas arrêtée, ou, au contraire, avait-elle décrit un arrêt possible à la fin?! La génération de newbies nés du visionnage d'Inception avait vu avant The Dark Knight, et peut-être Batman Begins et, The Prestige, à la télévision, sans faire attention la première fois. Ils n'ont pas ressenti d'attente, début 2007, par rapport à la sortie du Prestige au cinéma. Ils n'ont vu Carrie-Anne Moss que dans Matrix ou dans Chocolat, ils ne savaient même pas (et ne savent peut-être toujours pas) qu'elle a joué dans Memento. Insomnia pourrait sembler, à première vue, pour eux, un film d'horreur. Les newbies parlent d'Inception comme le chef d'oeuvre du cinéma, mais ne savent même pas que le nom de Cobb fait référence à un personnage du film Following, préalablement réalisé par Nolan en 1998. Comment reconnaître un newbie? Il parle sans connaître.

Bref, si on passe ces deux derniers succès au box office, on peut déjà présager une future passion pour Darren Aronofsky et son Black Swan tant attendu sur le continent européen, par les cinéphiles et autres newbies incessants qui ne connaissent que Requiem for a dream (ou même pas?) et The Fountain de sa filmographie. The Wrestler peut-être pas, c'est trop violent pour les minettes minaudantes amatrices de minets. (Nous ne parlons même pas de Pi, ce film est certes trop obscur pour les newbies qui ne pourraient reconnaître les références et savourer ce petit ovni du cinéma, qui rappelle un peu Eraserhead de Lynch par son personnage masculin central en proie à la paranoïa, à la peur, à la folie)

Mais pourquoi les newbies sont-ils si insupportables? Ils parlent très fort, se voient déjà en haut de l'affiche, écrivent des choses tellement creuses par manque de savoir et étalent leur enthousiasme immodéré, parce qu'ils peuvent s'ahurir d'un rien : les vieux cinéphiles ne sont pas indifférents, insensibles, ils avaient juste prédit la potentialité d'un film, et ont appris à relativiser.

La conclusion tombe un peu comme les seins de Ginette sur son nombril : bien sûr, tout le monde passe par le stade néophyte, où on ne sait pas grand-chose d'intéressant sur la filmographie d'un auteur, mais la différence entre le vrai cinéphile et le newbie réside dans l'attitude : le petit nouveau va caqueter d'une impatience immature, ne parler que des points positifs sans prendre un véritable recul (que seul le vrai cinéphile, connaisseur, peut adopter) et pisser sur tous les sites de la toile pour nous dire qu'Hans Zimmer est le plus grand compositeur de tous les temps, même s'il n'a écouté que trois bandes originales de film faits par l'allemand.

jeudi 9 septembre 2010

le chevalier du cinéma

Tout le monde (ou presque) a déjà lu sur internet les différents types de chevaliers en fonction du genre de musique (principalement, metal). Et s'il en existait aussi pour le cinéma?
(Pour les styles de musique et de metal, il suffit de chercher dans google avec les mots-clefs suivants : chevalier princesse dragon metal)

L'histoire est toujours simple : Un chevalier doit arriver au château, tuer le dragon, et, délivrer la princesse (voire l'épouser, ça dépend des cultes).

Le chevalier à la Tarantino : le chevalier arrive en Dodge Charger (modèle 1970 R/T Magnum 440), parle au dragon du fait qu'ils mangent de la mayonnaise avec leurs frites en Europe, tout en écoutant les Stealers Wheel et leur chanson « Stuck in the Middle with you ». C'est grâce à un superbe katana venant d'Okinawa, merci Hattori Hanzo, que le chevalier, dans sa combinaison jaune moutarde extermine le dragon. Alors qu'il arrive en haut du donjon, la princesse l'envoie se faire foutre, elle est hôtesse de l'air et s'appelle Jackie. Le chevalier, emmerdé par cette pouffiasse, l'insulte longuement, et finit par lui faire un scalp. Connasse.

Le chevalier à la Romero : le chevalier arrive, par un moyen quelconque au château, où il découvre que le dragon est entrain de se faire dévorer par une horde de zombies. Cédant à la panique, il se barricade dans le château, avant d'aller voir si la princesse se porte bien. Il trouve la princesse devenue zombie, arrive à la re-tuer (ben oui, elle est déjà morte une fois si elle est zombie), après s'être fait mordre. Le chevalier se transforme en zombie, seul dans le donjon.

Le chevalier à la Lynch : Le chevalier se pointe en tracteur-tondeuse au château. Après avoir sombré dans un souvenir à moitié schizophrénique (mettant en scène l'assassinat de sa femme, une dénommée Renée), un nain parlant bizarrement s'approche de lui et lui murmure qu'il a besoin de café et de tarte à la cerise. Dérouté par cette nouvelle, le chevalier s'avance timidement vers le dragon endormi, en regardant nerveusement de part et d'autre de la créature : des oreilles coupées fleurissent sur le sol. A l'instant même où il se sent prêt à tuer le dragon, une bande de Fremen débarquent et font le boulot à sa place. Heureux, le chevalier monte pour délivrer la princesse qui s'avère être une blonde ténébreuse accro à la coke, appelée Betty. Après un échange de paroles relativement bref, le chevalier et la princesse se mettent à baiser en écoutant Rammstein.
Ils se retrouvent de façon inexpliquée dans la Black Lodge avec Nicolas Cage.

Le chevalier à la Woody Allen : le chevalier, un intellectuel coincé, d'à peu près soixante-cinq ans, arrive en râlant devant le dragon. Embêté de perdre son temps dans une futilité pareille, il explique à la créature que le jazz, New-York, et le théâtre, ça vaut mieux qu'un combat épique. Finalement, le dragon s'éprend du chevalier et la princesse, heureuse, peut s'enfuir épouser un voleur de tableaux.

Le chevalier à la Star Wars : le chevalier arrive au château à bord du Millennium Falcon, avec son ami Chewbacca. Il sort son sabre laser pour tuer le dragon, quand, tout d'un coup, la princesse arrive avec son armée de rebelles. Ils finissent par tuer le dragon tous ensemble, et partent tous vers une galaxie très très très lointaine.

Le chevalier à la Indiana Jones : le chevalier arrive sur un moyen de locomotion emprunté à Sallah. Il décode très vite les mystères qui peuplent le château et peut ainsi réussir à comprendre que pour tuer le dragon, il faut l'arche d'alliance. Quand il revient avec la précieuse arche, il tombe sur les nazis qui lui en font voir de toutes les couleurs. Une fois qu'il s'est débarrassé des nazis, des soviétiques, et de ce foutu dragon, il peut enfin aller dans le donjon, où il tombe sur son père qui n'arrête pas de l'appeler Junior et de lui dire que la princesse – qui n'est autre que Marion Ravenwood - s'est enfuie, lassée de devoir l'attendre.

Le chevalier à la Batman (Burton) : le chevalier arrive dans sa batmobile, escalade les murs du château sans se faire voir par le dragon, et pénètre dans le donjon. Il perçoit une ombre proche du lit... Il s'agit de la princesse catwoman qui lui envoie la dérouillée de sa vie avant de l'embrasser langoureusement. Tous deux se débarrassent du dragon avant de recommencer leur relation amour-haine.

Le chevalier à la Batman (Nolan) : le chevalier arrive dans son char d'assaut, descend le dragon avec une arme développée par Lucius, et sauve la princesse qui se révèle être Rachel, son amie d'enfance dont il est éperdument amoureux, mais, elle, elle préfère Aaron Eckhart.

Le chevalier à la Frères Coen : Le chevalier arrive avec un bébé qu'il a kidnappé, histoire de le donner à bouffer au dragon. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'Anton Chigurh, le mal personnifié, le suit de près. Le chevalier, assiste impuissant et caché, au meurtre du dragon par Chigurh, à l'aide d'un pistolet à projectile captif. Malgré une envie pressante de jouer au bowling, le chevalier se retient et fonce pour délivrer la princesse. Celle-ci lui confie qu'Ulysse Everett McGill a déjà essayé de la sauver une fois, mais qu'elle préfère aller voir des conventions sur le divorce à Las Vegas. Lassé de cette emmerdeuse ressemblant à Catherine Zeta-Jones, le chevalier décide d'aller consulter quelques rabbins.

Le chevalier à la sauce « films d'actions » : le chevalier, en gros dur, est arrivé au château avec un bazooka, quelques AK-47 et une bonne dose d'humour. Après quelques pirouettes et l'utilisation de son arme la plus puissante, il défonce le cul de ce putain de dragon, démolit partiellement le château, et arrive enfin près de la princesse. Celle-ci est une bonnasse de type 175 centimètres, 55 kilogrammes, 85 C. Cédant à ses hormones, le chevalier l'attrape et la met sur son épaule pour la ramener chez ses parents, en espérant que sur le chemin, elle acceptera de lui faire une bonne petite pipe, et plus si elle n'a pas ses règles.

Le chevalier à la sauce « comédie romantique » : le chevalier, sur le point de se marier, est dépêché par le roi pour sauver sa fille du terrible dragon. Quelque peu embêté, le chevalier va néanmoins sur place, histoire de briller. Il tue le dragon par hasard, sans le faire exprès, et tombe amoureux de la princesse. La princesse et le chevalier passent une semaine merveilleuse avant de rentrer au royaume, où, après une dispute violente (le chevalier avait caché à la princesse qu'il avait déjà une gonzesse), ils se séparent. Le jour du mariage du chevalier, la princesse se pointe et balance au chevalier qu'elle n'est peut-être pas aussi bien que celle qu'il va épouser, mais qu'elle suce vraiment bien, promis juré, non pas craché, ce n'est pas son genre. Le chevalier se rend compte à ce moment-là qu'il doit épouser la princesse, largue sa future femme devant l'autel et épouse en grandes pompes la princesse.

Le chevalier à la sauce « films indépendants dramatiques » : le chevalier qui vient de perdre son emploi, sa femme, et sa dignité vient sauver la princesse qui est une lesbienne qui ne s'assume pas. Tous deux partent dans un voyage initiatique à travers le désert, qui va révéler qu'en fait, il en faut peu pour être heureux, je voudrais marcher comme vous, ouh ouh. Le dragon les rejoint également, lassé de son comportement de carnivore sadique.
Finalement, ils montent une société de pompes funèbres.

Le chevalier à la sauce « film d'auteur » : Plan sur la princesse de trente minutes : on peut la voir s'épiler, soupirer, écrire dans un cahier, aller pisser. Plan de dix minutes sur le visage du chevalier lorsqu'il arrive au château. Plan de vingt minutes sur le chevalier qui doit se décider à tuer le dragon. Plan de trente minutes sur la princesse qui guette, du haut du donjon, le chevalier. Puis, plus rien, plus d'argent, plus de plan, et pas de pierres, pas de palais.

lundi 8 décembre 2008

[Panthéon] Blue velvet de David Lynch






Après l'accueil très mitigé de Dune, David Lynch sort, en 1986, Blue Velvet.
Ce film certes conventionnel comparé à d'autres oeuvres de Lynch, réconcilie le public avec le cinéaste et lui permet de faire par la suite, la série Twin Peaks.

Jeffrey Beaumont, en allant visiter son père à l'hôpital, trouve une oreille humaine dans un champ. Lui qui croyait habiter dans une petite ville sans histoire est tellement intrigué par sa découverte qu'il décide de mener sa petite enquête avec l'aide de Sandy, la fille de l'inspecteur Williams. Les premières informations qu'ils détiennent les mènent sur la piste de Dorothy Vallens, une chanteuse...

Blue Velvet est un film coup de poing. Coup de poing pour les apparences, qui sont, définitivement toujours trompeuses, pour les petites villes tranquilles qui ne sont que des repères à pervers. It's a strange world.
Il n'y a qu'un pas à faire pour accéder au malsain : Jeffrey, sans s'en rendre compte, franchit ce pas en se laissant guider par sa curiosité, de manière plutôt obsessionnelle, en s'introduisant chez Dorothy Vallens, et en ayant une relation avec celle-ci.

Les fifties s'en prennent aussi dans les gencives : une des premières images du film est celle d'une ville carte postale, où les habitants semblent gentils, parfaits et heureux. La plus grosse partie du film se moque de cette attitude, et tend à montrer que les gens des fifties étaient aussi mal barrés dans leurs têtes que ceux des années septante, nonante etc. Au final, les dernières images de Blue Velvet sont idylliques : les apparences sont revenues, tout va bien, l'horreur est révolue... Du moins pour le moment.
A noter : Lynch n'hésite pas à utiliser des chansons des fifties-sixties romantiques dans les moments les plus glauques.

Il y a toujours un mauvais, une raclure irrationnelle qui terrorise la tranquillité des gens, en apparence, biens. Franck Booth est une figure caricaturale, un mélange entre omniprésence de l'inconscient, des pulsions, des émotions et folie. Il est, avec BOB de Twin Peaks, un des personnages les plus sombres et dangereux de l'univers de David Lynch.

Blue velvet est chef-d'oeuvre qui ouvre la voie à Twin Peaks où quelques symboles de Blue Velvet seront exploités plus en profondeur: l'adolescent / le jeune adulte curieux qui mène son enquête, le méchant irrationnel et avide de voir de la souffrance, la belle femme n'ayant plus toute sa tête parce qu'elle est accablée par le méchant, une chose insolite qui se produit dans une ville sans bruit qui va révéler l'horreur qui se trame en permanence, etc.




Une scène terrible.