Paul ou le film de geeks en puissance qui fera dire à ta grand-mère qu’on peut avoir la lose, une coiffure à faire frémir des ovaires Martine Aubry, et gagner à la fin le concours de miss t-shirt mouillé à la foire des boudins.
Paul, c’est le duo comique à l’accent chargé en cheddar et en clotted cream, de Simon Pegg et Nick Frost, qui ont écrit pour la première fois ensemble un long-métrage, puisque, Shaun of the Dead et Hot Fuzz étaient les fruits de collaborations entre Simon Pegg et Edgard Wright (d’ailleurs réalisateur de ces deux films, vous suivez toujours ?). Pas besoin de balancer un résumé de quarante lignes sur Paul, tout le monde connaît le refrain avant même que Madonna n’ait envoyé sa culotte à Jacques Chirac : un « couple » de geeks –nolife-100% addicted aux UFO et à l’heroic fantasy, part aux USA pour un trip entre conférences et endroits célèbres « attrapes-touristes » où E.T. et ses comparses sont supposés avoir pris une bière, une tequila, ou une péripatéticienne en solde. Jusqu’ici rien de tragique, ça pourrait ressembler à tout film comique lourd, mais, en plat de résistance, Paul, un alien délirant et plutôt grossier – normal, sa doublure anglophone est Seth Rogen-, fait son apparition et bouleverse le voyage des deux roastbeefs. Notons la participation démente d’un Jason Bateman au sommet de sa cruauté et de sa froideur méthodique.
Mais le but de cet article n’est pas de parler du film Paul en lui-même, parce qu’au sinon, la forme aurait été de mise. Non, la fin attise les moyens, ou un truc du style. Paul est une comédie vivifiante sur le sens des responsabilités, et une critique de ces personnes dépassées qui refusent de croire que Simone descend bien du singe, et que putain, Darwin avait raison en parlant de l’évolution. Non, Paul n’est pas non plus un film politique, ni un Disney. Paul est l’illustration même de ce phénomène nouveau qui émerge dans le monde du cinéma moderne, post moderne, post mortem, peu importe : la mise en avant des geeks victorieux.
Les geeks constituent une espèce dont l’origine remonte aux années glorieuses où les calculettes, les ordinateurs, l’heroic fantasy, les mangas, les jeux vidéo ont vu le jour. On désigne par « geek » un individu qui passe le plus clair (ou obscur) de son temps dans des univers parallèles, artificiels, impossibles, codés, ou tout simplement remplis de notions abstraites que Jeanne ne pourra jamais comprendre, même en suivant quinze heures par semaine de « C’est pas sorcier ». Ces personnes (les geeks) préfèrent le contact de leur clavier ou des pages de leurs bouquins d’astrophysique à la chaleur humaine. On peut les trouver sur ebay, dans leur chambre ou studio misérable, de préférence devant un ordinateur. La plupart du temps, ils finissent par bosser dans l’informatique ou dans les sciences exactes. La représentation stéréotypée de base du geek est la suivante : habillé comme un plouc, des cheveux sales/gras/moches, des lunettes, et une tendance presque surnaturelle à faire fuir toute potentielle source de décharge d’énergie sexuelle. Parce que le geek veut souvent du sexe, mais n’en obtient jamais (1).
Dans les classiques des films de/pour geeks, on compte Tron (1982, pas 2010), 2001 de Kubrick, Retour vers le Futur, Le Seigneur des Anneaux, Matrix. L’exemple le plus probant est Matrix : Neo, l’informaticien amorphe se voit offrir la pilule rouge, et entre dans le Monde, le Vrai, et devient un héros, l’Elu, la personne qui va botter le cul aux agents et libérer les hommes de la Matrice. Neo est donc un geek qui gagne à la fin, enfin, d’une certaine façon, et prouve qu’on peut aimer coder et s’envoyer en l’air avec une fille habillée en latex, sans payer pour. Sans compter que Neo est aussi l’archétype du mec cool qui fait du kung-fu aussi vite que le Jean-Pierre Coffe s’enfourne quinze éclairs moka.
En 2010, The Social Network s’est imposé comme un des meilleurs films de l’année en racontant d’une façon stylée (merci David Fincher qu’on dit tous en coeur) l’accession de Mark Zuckerberg aux sommets grâce à son réseau social qu’on ne nomme plus. La morale de l’histoire ? Vous pouvez avoir autant de charme qu’un clou chinois, une vie sociale qui frôle le zéro, votre « geekisme » peut vous sauver et par la même occasion vous offrir autant d’argent que vous n’en aurez jamais besoin. Et au-delà du succès et de l’argent qui coule à flots, n’oublions pas que ça vous permet d’avoir un certain (et pas des moindres) pouvoir sur le monde.
Dans Paul, c’est un peu le même principe, en plus drôle : le duo de geeks se voit confronté à une situation exponentiellement dangereuse et doit gérer pour que tout finisse bien, avec des fleurs roses, des faons et une nana avec des gros nichons. The Big Bang Theory fonctionne d’une façon similaire : quatre geeks surdoués d’un point de vue intellectuel et sous-doués d’un point de vue social/émotionnel/sexuel/autre vivent des aventures où ils doivent presque jouer les héros pour avoir une chance sur quinze millions de se farcir une dinde, sans farce de préférence.
Dans cette ère cinématographique/télévisuelle qui rend petit à petit de plus en plus hommage au geeks – nos vrais patrons pour ainsi dire puisqu’ils maîtrisent la technologie qui ne cesse de se complexifier- on peut voir se dessiner une conclusion optimiste pour nos amis fans de Star Trek : ne vous en faites pas les gars, si Justin Bieber peut trouver une copine avec sa tronche et son style, vous pouvez devenir les rois de la saucisse en deux temps trois mouvements. Car c’est ça la fonction première du cinéma : mettre de la poudre aux yeux.
(1) : La vie sexuelle du geek se limite à sa main droite (ou gauche), aux ustensiles de cuisine de sa mère, et aux fantasmes qu’il nourrit à chaque fois qu’il regarde Le Retour du Jedi où Carrie Fisher est presque nue.
Paul, c’est le duo comique à l’accent chargé en cheddar et en clotted cream, de Simon Pegg et Nick Frost, qui ont écrit pour la première fois ensemble un long-métrage, puisque, Shaun of the Dead et Hot Fuzz étaient les fruits de collaborations entre Simon Pegg et Edgard Wright (d’ailleurs réalisateur de ces deux films, vous suivez toujours ?). Pas besoin de balancer un résumé de quarante lignes sur Paul, tout le monde connaît le refrain avant même que Madonna n’ait envoyé sa culotte à Jacques Chirac : un « couple » de geeks –nolife-100% addicted aux UFO et à l’heroic fantasy, part aux USA pour un trip entre conférences et endroits célèbres « attrapes-touristes » où E.T. et ses comparses sont supposés avoir pris une bière, une tequila, ou une péripatéticienne en solde. Jusqu’ici rien de tragique, ça pourrait ressembler à tout film comique lourd, mais, en plat de résistance, Paul, un alien délirant et plutôt grossier – normal, sa doublure anglophone est Seth Rogen-, fait son apparition et bouleverse le voyage des deux roastbeefs. Notons la participation démente d’un Jason Bateman au sommet de sa cruauté et de sa froideur méthodique.
Mais le but de cet article n’est pas de parler du film Paul en lui-même, parce qu’au sinon, la forme aurait été de mise. Non, la fin attise les moyens, ou un truc du style. Paul est une comédie vivifiante sur le sens des responsabilités, et une critique de ces personnes dépassées qui refusent de croire que Simone descend bien du singe, et que putain, Darwin avait raison en parlant de l’évolution. Non, Paul n’est pas non plus un film politique, ni un Disney. Paul est l’illustration même de ce phénomène nouveau qui émerge dans le monde du cinéma moderne, post moderne, post mortem, peu importe : la mise en avant des geeks victorieux.
Les geeks constituent une espèce dont l’origine remonte aux années glorieuses où les calculettes, les ordinateurs, l’heroic fantasy, les mangas, les jeux vidéo ont vu le jour. On désigne par « geek » un individu qui passe le plus clair (ou obscur) de son temps dans des univers parallèles, artificiels, impossibles, codés, ou tout simplement remplis de notions abstraites que Jeanne ne pourra jamais comprendre, même en suivant quinze heures par semaine de « C’est pas sorcier ». Ces personnes (les geeks) préfèrent le contact de leur clavier ou des pages de leurs bouquins d’astrophysique à la chaleur humaine. On peut les trouver sur ebay, dans leur chambre ou studio misérable, de préférence devant un ordinateur. La plupart du temps, ils finissent par bosser dans l’informatique ou dans les sciences exactes. La représentation stéréotypée de base du geek est la suivante : habillé comme un plouc, des cheveux sales/gras/moches, des lunettes, et une tendance presque surnaturelle à faire fuir toute potentielle source de décharge d’énergie sexuelle. Parce que le geek veut souvent du sexe, mais n’en obtient jamais (1).
Dans les classiques des films de/pour geeks, on compte Tron (1982, pas 2010), 2001 de Kubrick, Retour vers le Futur, Le Seigneur des Anneaux, Matrix. L’exemple le plus probant est Matrix : Neo, l’informaticien amorphe se voit offrir la pilule rouge, et entre dans le Monde, le Vrai, et devient un héros, l’Elu, la personne qui va botter le cul aux agents et libérer les hommes de la Matrice. Neo est donc un geek qui gagne à la fin, enfin, d’une certaine façon, et prouve qu’on peut aimer coder et s’envoyer en l’air avec une fille habillée en latex, sans payer pour. Sans compter que Neo est aussi l’archétype du mec cool qui fait du kung-fu aussi vite que le Jean-Pierre Coffe s’enfourne quinze éclairs moka.
En 2010, The Social Network s’est imposé comme un des meilleurs films de l’année en racontant d’une façon stylée (merci David Fincher qu’on dit tous en coeur) l’accession de Mark Zuckerberg aux sommets grâce à son réseau social qu’on ne nomme plus. La morale de l’histoire ? Vous pouvez avoir autant de charme qu’un clou chinois, une vie sociale qui frôle le zéro, votre « geekisme » peut vous sauver et par la même occasion vous offrir autant d’argent que vous n’en aurez jamais besoin. Et au-delà du succès et de l’argent qui coule à flots, n’oublions pas que ça vous permet d’avoir un certain (et pas des moindres) pouvoir sur le monde.
Dans Paul, c’est un peu le même principe, en plus drôle : le duo de geeks se voit confronté à une situation exponentiellement dangereuse et doit gérer pour que tout finisse bien, avec des fleurs roses, des faons et une nana avec des gros nichons. The Big Bang Theory fonctionne d’une façon similaire : quatre geeks surdoués d’un point de vue intellectuel et sous-doués d’un point de vue social/émotionnel/sexuel/autre vivent des aventures où ils doivent presque jouer les héros pour avoir une chance sur quinze millions de se farcir une dinde, sans farce de préférence.
Dans cette ère cinématographique/télévisuelle qui rend petit à petit de plus en plus hommage au geeks – nos vrais patrons pour ainsi dire puisqu’ils maîtrisent la technologie qui ne cesse de se complexifier- on peut voir se dessiner une conclusion optimiste pour nos amis fans de Star Trek : ne vous en faites pas les gars, si Justin Bieber peut trouver une copine avec sa tronche et son style, vous pouvez devenir les rois de la saucisse en deux temps trois mouvements. Car c’est ça la fonction première du cinéma : mettre de la poudre aux yeux.
(1) : La vie sexuelle du geek se limite à sa main droite (ou gauche), aux ustensiles de cuisine de sa mère, et aux fantasmes qu’il nourrit à chaque fois qu’il regarde Le Retour du Jedi où Carrie Fisher est presque nue.